Ce texte de Gabrielle Izaguirré-Falardeau est en partenariat avec L'Indice bohémien
Dévoilée le 27 juin dernier lors de la Fête de ruelle au parc Albert-Dumais, à Val-d’Or, l’exposition Lumières jette un éclairage nouveau sur l’itinérance en posant un regard artistique et englobant sur celles et ceux qui vivent cette réalité.
Agir par l'art
Voyant venir le renouvellement annuel de l’exposition qui longe la piste cyclable municipale, Geneviève Béland, coordonnatrice en développement culturel à la Ville de Val-d’Or, a voulu saisir l’occasion pour « agir sur quelque chose ». « Les enjeux de l’itinérance à Val-d’Or se font sentir par des tensions sociales. La majorité des gens ont beaucoup de compassion, mais ça vient quand même avec quelques irritants qui font augmenter la colère », indique-t-elle.
Pour déjouer l’essentialisation des personnes à leur situation et présenter leur humanité dans toute sa complexité tout en ayant le souci de mener un projet éthique et respectueux, loin du misérabilisme ou de la magnification de la réalité des personnes concernées, Geneviève Béland a fait appel à une équipe pensée sur mesure : Mathieu Rancourt, photographe et éducateur spécialisé, et Antoine St-Germain, facilitateur et travailleur social, sont intervenants au poste de police communautaire mixte autochtone de Val-d’Or. Leur connaissance du terrain a permis de cibler des personnes souhaitant participer au projet.
Pour sa part, Mélodie Rheault, autrice et travailleuse sociale, a rédigé des portraits à partir d’entrevues menées auprès des personnes volontaires avant de réaliser des collages artistiques autour des clichés saisis par Mathieu. Ainsi, il en ressort des œuvres sensibles, mettant surtout en valeur le regard unique de chacune et chacun sur le monde ainsi que le droit universel de rêver l’avenir.
« Je trouvais aussi que ça amenait ma pratique à évoluer vers un endroit vraiment intéressant, soit la frontière qui délimite le social et l’art, la prise de parole. Le projet permet d’offrir une parole à des gens qui n’en ont pas. Ce sont des gens vulnérables, qui subissent en réalité beaucoup plus de violence qu’ils en commettent. »
Mélodie Rheault
Des fragments de rêves
Pour Mélodie Rheault, qui a effectué du travail de rue en début de carrière, il s’agit d’un beau retour à ses premières amours. « Je trouvais aussi que ça amenait ma pratique à évoluer vers un endroit vraiment intéressant, soit la frontière qui délimite le social et l’art, la prise de parole. Le projet permet d’offrir une parole à des gens qui n’en ont pas. Ce sont des gens vulnérables, qui subissent en réalité beaucoup plus de violence qu’ils en commettent », indique-t-elle.
Mélodie Rheault souligne que le processus a nécessité beaucoup d’adaptation, étant donné les échéances serrées et la mobilité des personnes participantes : « Il a fallu faire fitter ça dans un horaire qui n’était pas le mien, car le projet ne m’appartient pas, il leur appartient à eux. » À partir de ses rencontres, Mélodie a fait un premier repérage de textures, d’images et de couleurs qui mettraient en valeur le vécu et l’unicité de chacune et chacun.
« D’habitude, dans mon travail, il y a une grosse partie de déconstruction d’images, mais ici, il fallait faire attention de garder le portrait entier pour préserver la dignité, l’intégrité de la personne. J’ai voulu créer un peu une carte postale, une carte d’un milieu rêvé où on se sent bien. »
MÉLODIE RHEAULT
« D’habitude, dans mon travail, il y a une grosse partie de déconstruction d’images, mais ici, il fallait faire attention de garder le portrait entier pour préserver la dignité, l’intégrité de la personne. J’ai voulu créer un peu une carte postale, une carte d’un milieu rêvé où on se sent bien », dit-elle. De l’ensemble du processus, l’artiste et intervenante garde une belle leçon d’humilité et de commune humanité : « C’est un processus qui nous rappelle nos points communs, qui nous ramène à la base de ce que l’on est. »
En somme, l’exposition "Lumières" est adaptée en format réduit peut être vue au parc Albert-Dumais, au centre-ville de Val-d’Or. Alors que l’intégrale est disposée tout au long de la piste cyclable municipale.
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