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Jacques Marchand, un homme et son orchestre

« Pratiquer un instrument, c’est des heures de travail. Ça fait partie de nos vies, de notre vision, ça fait partie de nous, c’est viscéral. L’orchestre est une opportunité de pouvoir jouer, c’est une grande motivation quand on investit autant de temps dans quelque chose. »

JACQUES MARCHAND

Cet article a été écrit par Gabrielle Izaguirré-Falardeau dans le cadre d'un partenariat avec L'Indice Bohémien.

Jacques Marchand se passe de présentations. Celui qui dirige l’Orchestre symphonique régional Abitibi-Témiscamingue (OSRAT) depuis 36 ans, reconnaissable à sa fameuse moustache et sa chevelure blanche comme neige, compose avec un horaire bien chargé! Rencontre avec un homme aux mille projets pour faire le bilan de l’année qui vient de se conclure et envisager celle qui commence.

2023 : LE GRAND RETOUR

M. Marchand le dit d’emblée : 2022 n’était pas une année facile. Le spectre de la COVID-19 a continué de planer tout au long du printemps et de l’automne, forçant l’annulation d’une tournée complète de l’orchestre, et de plusieurs représentations de l’Ensemble Aiguebelle. Ces revirements de situation ont été la source de constantes insécurités : « C’est difficile. On projette des trucs, on met des choses en place, mais sans jamais trop savoir ce qui va arriver », dit le chef d’orchestre. Malgré tout, il est catégorique : la motivation des membres n’est pas affectée, au contraire : « Je reviens d’une fin de semaine de pratique, nous étions euphoriques! On riait comme des enfants, je pense qu’on a retrouvé notre espoir. »

Pour M. Marchand, cette façon qu’ont les musiciens de s’accrocher au groupe et à leur instrument n’a rien de surprenant : « Pratiquer un instrument, c’est des heures de travail. Ça fait partie de nos vies, de notre vision, ça fait partie de nous, c’est viscéral. L’orchestre est une opportunité de pouvoir jouer, c’est une grande motivation quand on investit autant de temps dans quelque chose. »

Jacques Marchand à l'oeuvre, lors de la direction d'orchestre. Photo : Louis Jalbert

Ainsi, la répétition de la fin de semaine du 15 janvier 2023 avait pour but de répéter la programmation du printemps prochain : « Pour la première partie, on reprend Pierre et le loup, prévu l’an dernier avec un orchestre réduit et pour la deuxième partie, les quarante musiciens seront sur scène », explique Jacques Marchand. Cette partie sera l’occasion de jouer des pièces connues du répertoire classique, ce que M. Marchand appelle en riant « les plus grand hits ». Des œuvres festives et rassembleuses, donc, un assemblage décrit comme un « cadeau au public » après trois ans d’absence.

DÉFIS ET JOIES DE LA MUSIQUE RÉGIONALE

Diriger un orchestre symphonique sur un territoire aussi étendu que celui de la région vient avec son lot d’épreuves. Avec les coupures dans les centres de services scolaires et la fin des harmonies dans plusieurs écoles, ainsi qu’avec les départs réguliers de jeunes vers les grands centres, le recrutement de musiciens de calibre se fait parfois difficile, particulièrement en ce qui a trait aux instruments à vent.

M. Marchand fait donc preuve de créativité en procédant à des échanges avec le nord-est ontarien ou encore en employant comme surnuméraires des musiciens originaires d’ici, expatriés dans les grands centres. Il souligne qu’à travers les échanges et la diversité des musiciens émergent une grande ouverture et une solidarité certaine, ainsi qu’un enrichissement mutuel mû par la variété des expériences. Malgré les défis, M. Marchand soutient que l’orchestre ne cesse d’augmenter en calibre au fil des ans, ce qui accroît d’autant plus son plaisir de diriger.

ET C’EST PAS FINI!

Jacques Marchand envisage avec confiance l’avenir de l’orchestre. Implanté comme une véritable institution dans le paysage régional, l’OSRAT joue un rôle essentiel non seulement pour la vitalité culturelle, mais aussi pour la formation de la relève musicale : « Les jeunes ont l’occasion de se former avec des musiciens de calibre dans un grand orchestre, c’est extrêmement enrichissant. Ils apprennent entre autres beaucoup l’importance de l’écoute », souligne M. Marchand, qui affirme que tant que la santé le lui permettra, il poursuivra ses activités avec passion.

Celui qui est pianiste et compositeur ne déplore que le manque de temps pour se consacrer à sa propre création. Il tente de palier cette situation en intégrant la composition à ses projets en cours, comme c’est le cas avec l’Ensemble Aiguebelle, qui présentera en février la reprise des spectacles annulés cette automne, soit une série de poèmes de Margot Lemire, mis en musique par M. Marchand lui-même et interprétés par la mezzo soprano Caroline Gélinas. Chose certaine, Jacques Marchand est loin d’être à cours d’idées et compte contribuer longtemps encore à la vitalité de notre scène musicale.

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