La culture peut ouvrir toutes les barrières. Faire tomber quelques piquets de clôture pour observer un peu de l’autre côté en prenant le risque, peut-être, d’être observés à notre tour. Puis en laisser tomber encore d’autres, jusqu’à la rencontre, jusqu’à l’échange de sourires, de poignées de mains et de victuailles.
Nous qui avons assisté, la fin de semaine dernière, à Paroles des Premiers Peuples (au Centre d’exposition de Rouyn-Noranda), le premier colloque québécois entièrement dédié à la littérature autochtone, nous avons fait ce pas de l’autre côté de la clôture. En écoutant des chercheurs, venus d’un peu partout au pays, nous livrer leurs impression et analyse de ces textes issus, en partie, d’auteurs de l’Abitibi-Témiscamingue, nous avons entrevu cette culture que nous côtoyons pourtant depuis longtemps. Nous avons entendu leurs contes, leurs poèmes, parfois dans notre langue, parfois dans cette langue chantante comme le rythme des tambours. Nous avons aimé, tous ensemble, cette voix qui s’élève de la terre et nous interpelle. Ensemble, nous nous sommes promis de travailler à faire tomber de plus en plus de clôtures. Et à faire revivre cet événement l’an prochain.
Jusque-là, il me reste en mémoire les analyses à la fois éclairantes et inspirantes des romans de Virginia Pésémapéo Bordeleau, la voix de son frère Louis livrant ses poèmes inédits, la langue attikamekw que j’entendais pour la première fois et… le regret de n’avoir pu assister à la première journée du colloque.