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Un oasis de bonheur en plein cœur de l’Abitibi-Témiscamingue

Certains lorsqu’ils voyagent recherchent au niveau de l’hébergement le confort, la quiétude, la beauté du paysage. Une chambre avec vue donnant sur un lieu sauvage, avec une fenêtre permettant d’apprécier le doux claquement des vagues ou encore un lieu insolite à essayer pour entrevoir la nature autrement. Évidemment, selon mes états d’âme, je cherche tour à tour un peu de tout cela. Mais ce que je cherche avant tout, bien avant le cachet d’une jolie chambre, ce sont les rencontres. Celles-là qui demeurent, qui reviennent spontanément à l’esprit bien avant la couleur des rideaux ou des couvre-lits lorsqu’on s’évoque un lieu. C’est la conversation tardive avec un serveur accoudé au bar d’un hôtel ; l’aubergiste qui, fière de ses racines, a pris la peine d’aller acheter du fromage de la région et des confitures faites maison pour enjoliver le déjeuner. C’est l’hôte qui se lève aux aurores pour aller nous reconduire à la gare ou au terminal d’autobus. Le chef qui vient s’asseoir à notre table pour le digestif. Des petits plus, qui pour moi en sont des grands, qui font tout le charme entourant un endroit et qui personnalise l’expérience. J’ai rencontré chez Stéphanie Rouillard, propriétaire de l’Oasis du Bonheur, beaucoup de cela. Dès mon arrivée, j’ai senti ce désir de partage à même sa vaste pinède sise sur un Esker comme étant absolument sincère. Stéphanie Rouillard Rapidement, j’ai aussi compris comment son projet peut sembler audacieux : construire un centre de villégiature auprès d’une ancienne pisciculture quelque part à mi-chemin entre Rouyn-Noranda et La Sarre dans une vaste forêt typiquement boréale. D’autant plus que ça prend beaucoup de courage et de confiance en soi pour aller construire et proposer à une clientèle un endroit original pour réellement décrocher alors qu’encore aujourd’hui beaucoup préfère s’étourdir et se divertir plutôt qu’aller à sa propre rencontre. N’empêche, le projet parlera à quiconque en quête de ressourcement, aux artistes qui désirent se recentrer et s’inspirer, aux familles souhaitant s’offrir des vacances reposantes ou organiser un événement plus festif. Car l’endroit se prête aux deux, on se l’imagine aisément. Tant aux marche en solitaire, aux fins de semaine à jouer à des jeux entre amis et se faire de belles bouffes qu’aux soirées auprès du feu et avec une guitare. Après un travail dans une banque où elle ne trouvait pas réellement son bonheur, un boulot de serveuse pour joindre les deux bouts (souvent le cas quand on a à cœur un projet entrepreneurial ou artistique et qu’il faut tout de même trouver le moyen d’emmener du pain sur la table), Stéphanie s’est presque intuitivement retrouvée devant ce qui allait devenir son oasis. « J’étais venue à la chasse à la perdrix dans le coin. C’était ma première visite en forêt publique et, pour la première fois, j’ai remarqué, une petite maison. Étonnée de ne jamais l’avoir vu auparavant, j’ai dû passer devant 360 fois … Quelque chose en dedans de moi me demandait d’aller m’y présenter. J’y suis allée, sans trop savoir pourquoi, mais il n’y avait personne. » Puis, elle a rencontré un trappeur qui s’en allait remonter ses pièges et qui lui a donné le numéro du fils du propriétaire. La maison était à vendre. Stéphanie a donc agrippé cette petite voix qui cherchait à se faire entendre en elle et saisi l’opportunité. Elle était tombée en amour auprès du petit lac rond. Et elle souhaitait en faire son domaine, son oasis. Elle qui souhaitait tant trouver le moyen de trouver un mode de vie qui corrobore avec ses valeurs et sa philosophie devait maintenant le construire. Au-delà de l’original tipi en bordure de sa jolie et jaune maison (qui fait aussi office d’accueil) et de la route 101, on se rend en 4 roues ou en voiture par un petit sentier auprès de jolies bassins d’eau qui se déversent les uns dans les autres. Outre la quiétude, le bruissement de l’eau et le chant des oiseaux, ce qui frappe au loin c’est la jolie yourte mongolienne à la porte rouge vive alors que se dissimule un joli chalet de pins gris. [gallery link="file" size="medium" ids="5395,5396,5397"] Il faut s’imaginer ce beau bout de femme en train de construire son chalet écologique avec son père ébéniste et devoir se contraindre à s’arrêter… enceinte de 7 mois ! Un chalet avec toutes les commodités, pouvant accueillir 6 personnes avec son intime et petite plage personnelle. Non, loin, mais suffisamment pour se sentir en intimité, la yourte authentique venue de Mongolie Oasis du bonheur Ma première impression en y mettant les pieds : que la yourte sentait bon ! Isolée par des poils de chameaux et de moutons, il s’y dégageait une odeur rassurante qui enveloppe. J’ai pris quelques photos, mais j’avais bien compris que j’avais devant moi une âme d’artiste que j’avais envie de découvrir. J’ai donc pris quelques notes dans un carnet désormais égaré… Parce que c’est ça, lors de ces rencontres, on a ni envie d’une réelle entrevue, ni envie de prendre des notes, on a juste envie de s’arrêter et, à l’instar de Stéphanie qui nous y invite, aller à la rencontre du moment présent. On laisse l’écrit à la solitude du lendemain matin et puis on s’ancre. On a longuement discuté en partageant le doré que son amoureux avait pêché puis en dégustant une fondue aux viandes sauvages. Je la connaissais à peine, et j’étais là à refaire le monde avec mon hôtesse comme si on se connaissait depuis toujours. Les yeux pétillants me parler de son projet qu’elle comptait agrandir avec une portion consacrée à « la coureuse des bois » qui impliquait une construction d’une cabane en pleine montagne auprès d’un lac accessible à pieds ou en raquettes. Les Autochtones l’appellent « La fille du tipi avec la porte ». J’ai absolument adoré. Au-delà de l’habitation moderne et original qui détone de la route, l’analogie s’applique judicieusement me semble-t-il. Stéphanie paraît tout autant comme une fille respectueuse de l’environnement, de la nature et des traditions ancestrales du peuple autochtone qu’une femme soucieuse d’offrir à sa manière les commodités plus contemporaines à ses invités. Mais, non, vous ne trouverez pas de wifi sur son centre de villégiature... On vous invite réellement à y décrocher et ce, pour plus d’une nuit. Je me doutais bien que j’allais avoir un gros coup de cœur pour le Parc national d'Aiguebelle en découvrant une partie de l’Abitibi-Témiscamingue. Il respire la forêt boréale à plein nez, autant dans les sentiers que sur ces lacs et rivières d’eau fraiche magnifiques. Mais je ne me doutais pas que j’allais découvrir un tel oasis à peine à une vingtaine de minutes de Rouyn-Noranda et une si belle âme passionnée. Stéphanie Rouillard Oasis du bonheur Je n’ai peut-être qu’un seul regret, c’est de ne pas y avoir passé plus d’une nuit… Je devrai revenir. Parcourir les 10 kilomètres de sentiers pédestres des environs et m’accorder un long moment bénéfique au cœur des bois. - Marie-Ève Blanchard, blogueuse. Lisez-moi! www.marie-eve-blanchard.com Oasis du bonheur