Un incontournable pour connaître notre histoire
Dans ma liste des incontournables de l’Abitibi-Témiscamingue on compte certainement le Lieu historique national du Fort-Témiscamingue /Obadjiwan. C’est sur cette pointe, magnifiquement bien située aux bords du lac Témiscamingue, que tout a commencé. C’est le gardien secret d’un grand pan de notre histoire. S’y promener, c’est faire un bond de près de 300 ans en arrière (le fort Témiscamingue fut fondé par les Français à cet emplacement en 1720).
Aujourd’hui, tout au long du parcours suggéré de 1,5 km, quatorze stations permettent de découvrir l’organisation spatiale des bâtiments et le mode de vie qui prévalait au poste de traite dans les années 1840-1880. En plus d’évoquer la vie au quotidien, les scénographies extérieures mettent en valeur le travail de reconstitution d’artistes de la région et protègent les vestiges architecturaux et archéologiques partiellement apparents ou enfouis. C’est magnifiquement bien organisé.
L’administration a placé quelques bancs, de jolies chaises sur le terrain. Je n’ai pas demandé pourquoi, mais à mon sens, c’est pour que l’on s’y arrête, que l’on fixe l’horizon et imagine ce que ça pouvait être. Moi, je le voyais bien…
Les voyageurs arrivent, ils ont mis 25 jours pour canoter la distance qui sépare Montréal du Fort-Témiscamingue. Ils ont subi les caprices de dame nature. Ils transportent les marchandises de traite. Après la traite, ils repartiront avec les fourrures vers Montréal, puis cette matière première ira directement en Angleterre où la mode est aux chapeaux hauts de forme.
À quelques pas de la plage, sur la droite, la canoterie. Les voyageurs y réparent et y entreposent les canots. Les autochtones leur ont appris à faire des canots d’écorce efficace, adapté au territoire. Ces autochtones, on les appelle les Témiscamingues. Ils sont semi-nomades, cueilleurs et chasseurs. Ils semblent faire un tout avec l’environnement. Ils viennent ici échanger la fourrure contre des couvertures, de la nourriture, des outils et des armes.
Le mât hissé bien haut identifie la compagnie propriétaire du poste de traite. Au 19e siècle, la Compagnie de la Baie d’Hudson règne en maître.
Située sur les hauteurs de la pointe pour ne rien manquer des allées et venues sur le lac, il y a la maison du dirigeant du poste de traite et sa famille. Juste un peu plus bas, la maison du commis qui effectue la majorité des échanges, consigne par écrit tout ce qui se déroule au poste de traite. C’est grâce à son travail que l’on peut comprendre aujourd’hui comment on vivait alors.
Tout en bas, il y a les maisons du personnel : domestiques, engagés du poste de traite et visiteurs occasionnels étaient logés dans des habitations simples.
Le commerce de la fourrure n’occupait qu’une partie du temps des habitants du poste de traite. Le reste était consacré à la survie, c’est-à-dire à la chasse, à la pêche, à l’agriculture de subsistance ainsi qu’aux tâches liées à la conservation de ces précieuses denrées. Ainsi on trouve aujourd’hui des traces d’une laiterie-glacière, d’une menuiserie ainsi que d’une forge…
Au bout du terrain, derrière une immense haie de cèdres se cache la forêt enchantée. Elle est entourée de mystère. Il y a les légendes, les faits… qu’importe, j’aime à croire que c’est l’influence des esprits et des sépultures bienveillantes. Il y a en ces lieux, un cimetière catholique, un autre protestant et un dernier amérindien identifié lors de l’analyse des rites mortuaires en présence.
La visite du Fort-Témiscamingue/Obadjiwan peut se faire seule avec une tablette ou avec un guide. Les guides ont une solide connaissance des faits, ils semblent habités par une certaine fascination pour les lieux, c’est contagieux. Nous pouvons y retourner plusieurs fois, les histoires et les anecdotes étant trop nombreuses pour toutes être livrées ou même enregistrées lors d’une seule visite. C’est la beauté de la chose!
Avant de vous y rendre, jetez un œil au calendrier d’événements spéciaux. Cet été, il faut voir l’exposition « Murmures » de l’artiste Christian Paquette, qui se fond aux éléments de la forêt enchantée. Le 15 août, dans l’esprit des festivités de la Foire Gourmande de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-Est ontarien, venez déguster des mets traditionnels algonquins à base d’orignal, d’outarde ou d’esturgeon, accompagnés de banique (pain amérindien). Le 22 août, venez en apprendre davantage sur les champignons de la région en compagnie du biologiste Roger Larivière.
Un incontournable, je vous l’avais dit :)!!
N’hésitez pas à nous raconter votre visite!!
N.B Afin d'élaborer ce billet dans le respect des faits, nous nous sommes référés au document Découvrez un important poste de traite Le Fort-Témiscamingue Obadjiwan.