Je n’ai jamais saisi cette tendance à vouloir faire des bilans d’un point de vue essentiellement quantitatif alors qu’on devrait mesurer ce qui est fondamental. Quand on pourra établir le taux d’euphorie généré, le coefficient d’ambiance moyen ou encore l’indice de développement de public pondéré, on en reparlera des chiffres! Atteindre la limite de la capacité légale d’une salle n’est pas le passeport du succès. La mesure des retombées d’un événement est beaucoup plus complexe et vaporeuse.
Quand tu choisis de te lancer, à Val-d’Or, dans un festival qui fait, à la fois, la promotion de la relève musicale régionale et celle de la musique émergente francophone, tu pars avec le vent un peu dans’ face. Mais, moi, j’ai envie de te donner une bonne tape dans le dos pour t’aider à avancer parce que ce travail-là est essentiel pour une communauté comme la nôtre. Le Festival de la relève indépendante musicale en Abitibi-Témiscamingue (FRIMAT), ce n’est pas juste un festival, c’est carrément un outil de développement culturel et économique, un tremplin pour la relève musicale ET entrepreneuriale (pensez à ses organisateurs), un moyen de rayonnement, d’attraction et de rétention.
La Gang des Beaux Tannants
Pendant tout le FRIMAT, y’avait ceux que j’ai décidé de désigner affectueusement « La Gang des Beaux Tannants »(GBT). Un joli groupe de garçons dans la jeune vingtaine complètement survoltés. Je ne leur ai jamais parlé, mais je devine que pour eux ainsi que pour un autre segment ciblé de spectateurs, le FRIMAT, c’est un événement vivement attendu. En effet, pour les personnes aux goûts un peu plus en marge (et on s’entend, on parle même pas ici de danse contemporaine avec nudité frontale), c’est LE rendez-vous de l’année, l’occasion de se nourrir l’âme avec des propositions qui les font vibrer. Sans le FRIMAT, j’aurais peur que la GBT finisse par imploser. Sérieusement.
C’est complètement sain de pouvoir soutenir une offre culturelle diversifiée sur notre territoire joyeusement éloigné. Ça en prend des spectacles grand public qui attirent les masses, le Festival d'humour de l'Abitibi-Témiscamingue, entre autres, remplit magnifiquement bien ce mandat. Mais ne négligeons pas l’importance également des événements à échelle humaine et à l’identité forte qui ont tout à fait leur place aussi dans notre paysage culturel. On peut être à la fois audacieux, signifiant et rentable sans péter des scores d’achalandage. Par son essence, le FRIMAT ne fera probablement jamais des foules immenses, mais continuera de générer des émotions et des retombées humaines et communautaires qui, elles, le sont.
- Geneviève Béland.
P.S. Y’avait quand même pas mal de monde c’t’année.