À la découverte de Mario Tremblay
En découvrant Mario Tremblay dans ce qu’on pourrait vraiment appeler son «environnement naturel», à Sainte-Germaine-Boulé, on est restés charmés par l’énergie incroyable qui se dégage de ce gars-là. Une énergie qui se lit dans le rythme de sa parole et qui trouve son écho dans les gros rayons de soleil printanier qui se reflètent dans ses lunettes. De lui, se dégage un certain bien-être, quelque chose comme la conviction sincère de quelqu’un qui est vraiment à sa place.
Pourtant, Mario n’est pas né en campagne. Il vient de la grande ville, de Montréal. Mais ses parents, eux, étaient originaires du Bas-Saint-Laurent et c’est comme ça, parce qu’ils avaient encore de la famille là-bas et qu’ils y retournaient souvent, que Mario est tombé dans la campagne ou plutôt, que la campagne est tombée dans Mario.
« Quand on retournait en ville, je devais brailler au moins jusqu’à Québec dans le char. Je voyais mes cousines qui restaient là, puis je voyais l’espèce de p’tite vie au village, comment c’était trippant. Ça me manquait. Ça fait que ça, moi, ça m’a toujours resté, le goût du rural. »
Et qui sait, c’est peut-être son amour de la campagne qui s’est transformé en amour de fille de la campagne, parce que dans tout Montréal, c’est sur une fille de Sainte-Germaine-Boulé que son coeur s’est arrêté.
« Ma blonde de l’époque, qui est la mère de mes enfants, elle venait d’ici. On venait souvent. Puis là, en passant mes vacances, je découvre cet esprit de village-là… comment ils sont fiers. Aïe, moi c’est ici que je veux rester! Si je veux avoir des enfants, c’est dans ce village-là! » Tania me disait : « On peut déménager à Rouyn- Noranda. » Oublie ça, moi, si tu veux me déménager en Abitibi, c’est à Sainte-Germaine-Boulé que je déménage. »
Mais comme les petits villages ne regorgent pas de logements à louer, il leur a fallut vivre un an à Rouyn-Noranda avant de trouver leur maison.
«T’achètes une maison! À Montréal, oublie ça, c’est impossible. L’immobilier a monté quand même avec les boums miniers, mais tu peux te mettre plus au monde en Abitibi. Secrètement, moi j’aurais peut-être aimé ça être pionnier dans le temps, vivre encore plus l’époque quand ils sont venus ouvrir l’Abitibi. Mais c’est ça encore. On est des pionniers, mais 2.0. Oui, les maisons sont faites, les organismes, les choses sont parties, mais tu peux encore jouer un rôle!»
Parce que pour Mario, vivre quelque part, c’est aussi s’impliquer.
Pas question pour lui d’être identifié comme étant « le chum de Tania », il lui fallait faire sa place, se faire connaître.
« La meilleure façon de connaître le monde avant d’aller cogner chez eux, c’est peut-être de t’organiser, de t’impliquer. Tu viens que tu connais le monde, tu viens que tu n’es plus le chum, t’es Mario. C’est là que t’arrives à vraiment vivre la région, à rentrer dedans, puis à la connaître. »
Sauf que lui, il ne fait pas les choses à moitié. Il s’est tellement impliqué qu’on a fini par lui offrir un poste d’organisateur communautaire. Au jour le jour, il soutient les organismes, pour les aider à garder leur dynamisme et leur « donner une swing », comme il dit. Il a la chance de travailler avec tous les bénévoles du village, des gens de tous les âges qui aiment donner leur temps pour que tout soit plus humain, plus convivial.
« Les projets, c’est rare que ça se fait tout seul! On se tient tous ensemble. Je trouve que ça, ça donne une couleur, une vraie existence. Voir mes jeunes grandir là-dedans, côtoyer plein d’aînés, c’est une richesse pour moi. À Montréal, c’est plus dur, parce qu’ils sont beaucoup. Veut, veut pas, le monde a plus peur du monde. Je trouve qu’ici, il y a quelque chose de plus humain. Il y a comme plus de facilité à se relier ensemble en Abitibi-Témiscamingue. Tu peux être sur une île, la grande ville de Montréal, quand même qu’il y a plein, plein de monde, t’es comme tout seul. Tu peux moins amener à ton milieu. Ici, c’est une région jeune, qui a de l’audace. Ici, si tu veux de quoi, tu le fais. »
Sinon, le reste du temps, il en profite. Tout près de chez lui, il a le terrain de jeu qui lui convient parfaitement.
« Drette » où on est, c’est Skinoramik. C’est un club de plein air, ski de fond, raquettes… tu peux même chasser la perdrix. Il y a un super beau camp plus loin dans le bois. Ils l’ont construit l’an passé. Tu peux arrêter là, c’est un refuge. Je trouve que dans la forêt, ça te replogue. En plus, c’est de quoi qui est proche. J’aime aussi la marche dans les sentiers, c’est le fun, c’est à 4 ou 5 kilomètres du village. Sinon, moi, je vais me promener au Témiscamingue. Je trouve que ça ressemble à Sainte-Germaine. C’est agricole, ça ressemble à Palmarolle. »
Autrement dit, même quand il sort de son village, c’est un peu lui qu’il recherche. Si c’est pas la preuve qu’il est bien, je me demande ce que ça vous prend pour le croire.
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