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D’origine camerounaise, Doriane a immigré au Québec en septembre 2022, accompagnée de son mari et de ses trois enfants. Interpellée par le besoin de main-d’œuvre en milieu hospitalier et avide de défis à relever, l’infirmière clinicienne a tout laissé derrière pour s’établir à La Sarre, appuyée par l’équipe de la Grande séduction.

« J’ai dit OK, je suis prête à prendre ce risque-là, à tout sacrifier pour l’avenir de mes enfants. »

Etemgoua Epse Yani Owona Doriane Aurelle

Un coup de tête

En soumettant sa candidature pour venir travailler au Québec, Doriane n’avait aucune attente, au point ou elle n’avait mis personne au courant de ses démarches : « Un matin je vois juste dans mon mail que je suis invitée à un entretien [d’embauche] et je me dis oh, je suis bien dans la merde! (rires) […] C’est là que j’ai réalisé que c’était vraiment sérieux », raconte-t-elle.

Son mari et elle se sont alors retrouvés devant une importante prise de décision. Pour eux, qui occupaient tous deux des emplois stables et bien rémunérés, le départ était synonyme d’un grand saut dans le vide.

Malgré les doutes et l’angoisse, le couple en est venu à la conclusion que le pari valait la peine : « J’ai dit OK, je suis prête à prendre ce risque-là, à tout sacrifier pour l’avenir de mes enfants », soutient Doriane.

Redonner à la communauté

La famille a été rapidement rassurée par l’accueil chaleureux de la communauté lasarroise et par l’équipe de la Grande séduction, qui s’était assurée de lui dénicher un toit et les provisions nécessaires pour les premières 24 heures.

Doriane souligne par ailleurs l’immense générosité de la population : « Je recevais des dons, des jouets, chaque fois on m’apportait des affaires, des choses, c’était vraiment bien », exprime-t-elle avec reconnaissance.

Désireuse de donner en retour, Doriane n’a pas tardé à se mettre en action. Nommée ambassadrice de l’Abitibi-Témiscamingue par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI), elle a mis sur pied le projet Rassemblement des cultures, une initiative visant à rassembler la population immigrante et la communauté d’accueil autour de la richesse des diverses cultures.

Succès retentissant, l’activité a réuni plus de 150 personnes autour d’un match de soccer, d’un défilé de mode et d’un partage de repas typique de chacune des cultures réunies.

Visiblement, Doriane ne se contente pas d’un seul projet à succès. Sociable et entreprenante, elle n’a pas tardé à récidiver après un Nouvel An décevant : « Ma première fête de fin d’année ici était plate. Selon notre routine à nous, mon chum et moi, on s’habille tout bien, on va mettre les enfants au dodo, on va faire venir quelqu’un pour rester avec pis on va sortir. On était tellement déçus! On est sortis […] et tout était fermé! […] Ici, c’est pas la même chose, […] chacun fête chez lui […]. On est rentrés tout tristounets! »

Ne reculant devant rien, Doriane a créé la Nuit de toutes les vibes, une soirée du Nouvel An où les gens peuvent se rassembler, danser, et échanger, tout en découvrant des artistes locaux et des saveurs du monde. La deuxième édition a été un grand succès, avec près de 70 participants, créant un événement chaleureux et inclusif. Désireuse de valoriser la culture africaine et de soutenir les personnes immigrantes qui l’entourent, Doriane prend toujours soin d’intégrer ces dernières à ses projets. Elle a par exemple confié le service de traiteur de la dernière Nuit de toutes les vibes à une consœur ivoirienne qui venait tout juste de compléter sa formation professionnelle en cuisine.

« On a mérité notre place, on a les connaissances, les compétences. Le fait d’avoir travaillé longtemps chez nous nous donne une vision plus large de la vie parce qu’on a l’expérience de chez nous et celle de chez vous donc on est vraiment très enrichis pour vous donner des soins de qualité. »

Doriane

Pleinement à la maison

Le chemin de Doriane n’a pas été facile. Elle a dû faire preuve de persévérance et de beaucoup d’efforts pour compléter les études qui lui permettraient d’accéder à son poste actuel dans le système québécois tout en travaillant comme préposée aux bénéficiaires. Elle déplore que certaines personnes les perçoivent, elles et ses collègues, comme du personnel de seconde classe, qui aurait bénéficié de passe-droits pour pratiquer ici : « On a mérité notre place, on a les connaissances, les compétences. Le fait d’avoir travaillé longtemps chez nous nous donne une vision plus large de la vie parce qu’on a l’expérience de chez nous et celle de chez vous donc on est vraiment très enrichis pour vous donner des soins de qualité », insiste-t-elle.

Malgré les défis, Doriane se sent maintenant pleinement chez elle à La Sarre. Elle et son mari ont envisagé de s’établir à Rouyn lorsque ce dernier a déniché un emploi à la Fonderie Horne, mais ils se sont ravisés : « J’étais tellement attachée à cette ville qui m’a accueillie […]. On a décidé de laisser ce projet de déménagement et on va continuer de gérer ses voyages. J’ai plein d’amis ici! Toute notre communauté, on est vraiment très solidaires […]. Je me suis fait des amis aussi d’autres cultures, que ce soit des Guinéens, des Burkinabés, des Béninois et des amis québécois aussi. Donc […] pour le moment, on reste ici à La Sarre, on a encore plein d’amour à donner […], plein d’innovations à faire », conclut-elle.