Par Gabrielle Izaguirré-Falardeau
Pour sa troisième apparition estivale, la scène ambulante d’Au pays des pick-up s’est déposée dans le décor industriel du Vieux-Noranda. Entre la 8e et la 9e rue, au pied de la fonderie Horne, le groupe rouynorandien Guhn Twei a transporté la foule dans son univers métal résolument engagé et dénonciateur. Récapitulatif de cette alliance entre l'organisme militant Mères au front, Au pays des pick-up et Guhn Twei.
Un troisième rassemblement pour Au pays des pick-up
Comme le veut cette année la formule d’Au pays des pick-up, la performance était précédée d’une activité en collaboration avec une organisation communautaire locale. Cette fois, c’est le groupe militant Mères au front qui a convié la population à une « marche pour donner de l’amour au quartier Notre-Dame ».
Il s’agissait de la troisième édition de ce type de rassemblement, originalement pensé par Marie-Hélène Massy-Émond, citoyenne du quartier. Le parcours débutant à l’emblématique fontaine de l’hôpital, en bordure du lac Osisko, était ponctué d’interventions d’acteurs et d’actrices du milieu.
De l’amour pour le quartier Notre-Dame
D'abord, Mélanie Hallée, du Collectif territoire, a présenté au public les différents enjeux de préservation du lac Osisko ainsi que les actions menées par son organisme pour protéger son écosystème et favoriser l’engagement de la population envers le plan d’eau.
Ensuite, le duo d’artiste Geneviève et Matthieu, qui a dirigé le centre d’artistes L’Écart pendant de nombreuses années, a livré une touchante déclaration d’amour au quartier et un appel à la solidarité pour la sauvegarde et la valorisation de son unicité.
Puis, sur le terrain vague où s’élevait jadis un dépanneur, au coin de l’avenue Carter et de la 6e rue, le comédien et dramaturge Alexandre Castonguay a interprété un texte inédit en hommage à sa grand-mère Rita, une métaphore de la zone tampon finement ficelée.
Enfin, le tout s’est terminé devant les locaux de l’Association des locataires de l’Abitibi-Témiscamingue, pour rappeler les services offerts par l’organisation et ses revendications pour la défense des locataires établis dans la future zone tampon du quadrilatère Carter/Portelance.
Un rassemblement conviviale et riche
Dans la foule composée d’une soixantaine de personnes, l’ambiance était conviviale. Visiblement heureuses de se rassembler pour célébrer ensemble la richesse culturelle et historique du Vieux-Noranda, les citoyen.ne. s présents affichaient une bonne humeur et une reconnaissance évidentes.
Le militantisme de Mères au front
Comme le souligne Isabelle Fortin-Rondeau, de Mères au front, cette activité s’inscrivait parfaitement dans la proposition militante du groupe :
« C’est important de toucher autant la fibre intellectuelle, émotive, artistique des gens, d’être dans le plaisir. On aime notre ville grâce aux gens qui s’y trouvent, donc se rassembler avec les gens qu’on aime, ça donne du sens à notre action militante. »
Guhn Twei - Du métal purement norandien
En accord avec le contexte amical typique du Vieux-Noranda, Guhn Twei est né de la rencontre entre deux voisins qui commencent à jammer ensemble et finissent par assembler leurs influences respectives pour former un son qui leur est propre.
Simon Turcotte souligne que sa musique est largement influencée par son expérience de vie et son parcours des dernières années. Survivant de cinq cancers, ayant subi de multiples hospitalisations et l’amputation d’une jambe, le chanteur et musicien admet d’emblée que cette série d’événements a rendu sa proposition plus dark. Il n’hésite pas à dénoncer dans ses paroles l’impact des industries et du système qui l’entourent sur la qualité de l’environnement et la santé des citoyen.ne. s.
Un propos également endossé par son comparse Dave Bérubé, dont le métal plus pesant et mid-tempo, et les influences rock, techno et industrielle viennent compléter les créations.
De surcroit, pour les deux musiciens, il est évident que la musique de Guhn Twei est le produit de son environnement. Bien ancrés dans leur quartier, auquel ils vouent un attachement évident, ils font un lien direct entre le son de leurs créations et l’omniprésence de la fonderie Horne, le bruit de sa machinerie et son décor surréel. Comme l’explique Simon : « Je compose souvent devant ma fenêtre, dans mon appart. Le décor de nuit, l’hiver, avec la boucane qui sort des cheminées… C’est peut-être pour ça que ça donne pas du disco ! »
La prestation de Guhn Twei sur la scène d'Au pays des pick-up : encrée dans un désir d’unicité et de valorisation
Cependant, malgré un style musical qui pourrait paraître plus sombre ou moins accessible, le groupe souhaitait avant tout offrir au public un moment d’échange et de plaisir pour valoriser la communauté, la ville et le quartier qui lui sont chers. On peut dire que c’est mission accomplie !
Aux citoyen.ne. s demeurés présents après la marche pour le spectacle de Guhn Twei se sont ajoutés des habitués de la scène métal emblématique du Vieux-Noranda, créant un public absolument hétéroclite, formé tant d’enfants que d’aînés, d’habitué. e. s que de néophytes.
Bref, en compagnie du batteur Benoit Breton, Dave et Simon ont offert une performance sentie, sensible et généreuse, en prenant le temps d’échanger et de réfléchir avec le public, tout en montrant une sincère reconnaissance envers celui-ci pour son écoute et sa présence.
À quand le rochain rendez-vous ?
Le prochain événement d’Au Pays des pick-up a lieu le 05 août prochain. Il s’agit d’une activité organisée avec La Mosaique interculturelle au parc Trémoy et d'un spectacle avec l'artiste Diogo Ramos. Consulte l'horaire du Pays des pick-up pour connaître les spectacles à venir. C’est un rendez-vous!
- Quoi ? Le Pays des pick-up.
- Quand ? Le prochain rendez-vous est samedi 05 août 2023. Clique ici pour accéder à l'horaire complet.
- Où ? Au parc Trémoy à Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue.