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Serge Bordeleau, alias Nadagam

Par Catherine Besson, en collaboration avec L'Indice bohémien

« Le territoire de l’Abitibi-Témiscamingue m’inspire énormément, pour toutes sortes de raisons. Il m’est impossible d’observer les cultures, les idéologies et les dynamiques de pouvoir qui se déploient sur ce territoire depuis à peine une centaine d’années, en faisant abstraction des cultures qui y ont fleuri pendant des millénaires.  »

Serge Bordeleau

De la biologie à l’expérience audiovisuelle

Natif de Val-d’Or, Serge Bordeleau est biologiste de formation. Il a travaillé dans le domaine de l’environnement aux côtés de plusieurs communautés de la région. Au même moment, il a acquis un grand intérêt pour la production audiovisuelle et les courts métrages. Il a alors entrepris des études de scénarisation et de cinéma à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Son premier documentaire, né d’une collaboration avec la communauté anicinabe, Kitakinan - Notre territoire à tout le monde, a été récompensé à plusieurs reprises. Serge Bordeleau a ensuite fondé Nadagam films, une firme audiovisuelle spécialisée en réalité virtuelle, à l’occasion du projet Abitibi 360. À travers son regard et celui de ses équipes, plusieurs productions ont vu le jour depuis, toutes humaines, universelles et fidèles au territoire.

L’origine d’un nom

« Nadagam signifie au bord de l’eau en anicinabe. C’est le surnom qu’on m’avait donné alors que je travaillais comme biologiste avec la communauté de Kitcisakik. Je n’avais jamais pensé créer une entreprise de production, mais lorsque je me suis trouvé devant l’obligation d’incorporer mon projet de création cinématographique […], ce nom m’a paru naturel et riche de sens, et j’étais fier qu’on me l’ait attribué. »

« Je recherche une forme d’authenticité qui esquive à la fois le misérabilisme et le romantisme. »

Serge Bordeleau

De collaborations à coproductions

Il y a quinze ans, le regard médiatique se portait peu sur les Premières Nations; le racisme et l’incompréhension allaient bon train. Porté par l’envie de témoigner de l’expérience positive et enrichissante vécue aux côtés des communautés de Kitcisakik, Pikogan, Timiskaming First Nation et Long Point First Nation, Serge Bordeleau a souhaité répondre à l’ignorance ambiante de l’époque en tournant le documentaire Kitakinan. Plusieurs collaborations avec les premiers peuples, dont certaines avec le Wapikoni et l’Office national du film (ONF), ont suivi. « J’espère humblement avoir pu contribuer à bâtir des ponts entre les cultures, avoir apporté quelques clés pour une meilleure compréhension mutuelle », souligne-t-il. Aujourd’hui, chez Nadagam, deux projets numériques sont en cours impliquant deux porteurs culturels anicinabek. « Je les considère comme des coproducteurs », nous indique-t-il.


Projet d’actualité

Accompagné d’une équipe chevronnée et d’artistes d’ici, Serge Bordeleau collabore présentement avec Minwashin et Grace Ratt, productrice et porteuse culturelle anicinabe, sur un nouveau projet de réalité augmentée. Cette nouvelle production reprendra les codes du jeu vidéo et permettra de s’initier aux savoir-faire traditionnels autochtones, et plus particulièrement à la transformation de l’orignal en objets d’artisanat. Serge précise à ce propos : « Jamais une application ne pourra remplacer une expérience tactile avec un vrai orignal et une vraie kokom [grand-mère] pour montrer les méthodes de travail. N’empêche, c’est quand même cool de voir des objets culturels anicinabek en 3D, ce qu’on ne verra jamais dans Grand Theft Auto. »


Pour en savoir plus sur Nadagam films, vous pouvez consulter leur site Web de l'ONF.

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