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Mon expérience fascinante avec les Abitibiwinnis

Je suis née à Amos. C’est juste à côté de Pikogan. J’ai grandi en côtoyant les jeunes de la communauté algonquine à la polyvalente. Pourtant, je n’y avais jamais mis les pieds avant d’y aller dans le cadre de mes fonctions à Tourisme Abitibi-Témiscamingue. Mon passage dans le système d’éducation québécois ne m’a malheureusement pas appris grand-chose sur les Premières Nations. Je pourrais résumer ainsi : « d’abord il y eut les autochtones, et maintenant, l’histoire commence… » Ma connaissance de leur culture se résumait à ce que j’avais vu dans les dessins animés qui passaient à la télé, dans le genre Lucky Luke (les tipis, les plumes, l’air grave, etc.) et à la traduction du mot Harricana. La rivière qui traverse Amos, et qui contourne Pikogan, était la rivière au biscuit, en raison des concrétions calcaires (pierre de fée) qui bordent ses berges. J’apprendrai plus tard que cette traduction a probablement souffert du jeu du téléphone arabe…* Les bulletins de nouvelles télévisés que j’ai commencé à regarder plus tard m’ont parlé des problèmes que vivent les communautés aujourd’hui, sans nécessairement me mettre en contexte. Puis il y a eut Le Peuple Invisible de Richard Desjardins et Robert Monderie, ainsi que les albums de Samian. J’ai compris qu’il y avait une « cassure ». eglise_pikogan Depuis 2011, donc,  je suis allée quelques fois dans la communauté de Pikogan accompagnée de journalistes des États-Unis et des pays francophones de l’Europe. Nous avons vécu l’expérience anishinabe. Saviez-vous qu’il y a une église à Pikogan ? Qu’à l’intérieur, les dix commandements sont illustrés en babiche et en peau de castor ? Qu’il y a une exposition, qui bien qu’elle pourrait être rafraîchie, nous relate leur histoire, leur mode de vie ? 8 000 ans d’histoire, notre histoire ? L’histoire des Abitibiwinnis ? Qu’on nous apprend que trois ères ont transformé leur mode de vie nomade: l’arrivée des coureurs des bois, de l’église, puis du gouvernement et ses pensionnats. Qu’il y a une boutique d’artisanat où on trouve des mocassins originaux ? Qu’il s’y organise des Pow-Wow à l’occasion ? Que les danses traditionnelles donnent des frissons ? Qu’on peut y faire une randonnée en canot d’une heure ou de quelques jours ? Qu’on propose une occasion inouïe de reconnecter avec la nature ? La première fois que j’ai embarquée dans un canot avec André Mowatt (chargé du développement touristique), il m’a dit : « entends-tu » ? Les rapides, le vent, le chant des oiseaux, tant d’éléments qui s’offrent pour nous guider. Qu’on peut manger du castor ?  Que le meilleur pain Bannik est préparé à Pikogan. Parole d’André ! Je suis forcée d’admettre qu’il a raison :). L’été dernier, j’ai vécu un moment magique avec un groupe de journalistes. Les tipis avaient été montés pour la nuit. Du sapinage servait de matelas. L’odeur avait quelque chose d’essentiel, d’apaisant. Le soleil se couchait. La rivière, tranquille, offrait un reflet parfait au nuage teinté de rose.  Les mouches à feu nous espionnaient. Puis  André nous a raconté les légendes de son peuple. Celles qu’on ne retrouve malheureusement pas dans nos livres d’histoire. Celles qui se transmettent de génération en génération. Un geste généreux, de sa part. André avait une histoire pour tous les éléments qui nous entouraient. Une histoire de lune, une histoire d’ours, de castor, de loutre…il nous a parlé de shamans, de Wendigo...  Vous avez compris, je garde encore de cette soirée un souvenir magique. andre_mowatt Ces journalistes étrangers étaient attirés par la culture algonquine du Québec, comme moi j’ai déjà été attirée par la culture maorie en Nouvelle-Zélande, polynésienne d’Hawaii, mapuche d’Argentine, etc. J’étais un peu gênée de ne pas avoir été plus curieuse de connaître mes voisins. Je n’étais pas la seule. Au fil des discussions, André me confirmait qu’une grande partie des visiteurs venaient de l’extérieur du Québec. Pourquoi ? Aller à leur rencontre, c’est pourtant se faire raconter notre histoire. C’est découvrir un mode de vie, qu’on voudrait bien, au fond, retrouver. Qui n’a pas rêvé de liberté, de donner un sens aux choses, de se libérer de cette société qui consomme à outrance, de se connecter à son environnement, etc.  Cette culture mise sur des valeurs louables. Alors, pourquoi s’empêcher de vivre cette expérience ? Le genre d’expérience qu’on cherche pourtant aujourd’hui comme touriste : authentique ! Ce peut-être la peur de l’inconnu ? Les préjugés qu’on entretient à tort ou à raison ? Je me suis passé cette hypothèse cet été : est-ce que nous éprouverions un malaise lié à un certain sentiment de culpabilité? Nous n’avons peut-être pas envie d’être confrontés aux conséquences du terrible accro à leur identité qui a été fait par notre société ? Pourtant, j’ai l’impression que c’est par là que passent la survie et l’affirmation de leur culture ainsi que le rapprochement des peuples. Je m’explique. En s’intéressant à cette culture, on la reconnaît. En la reconnaissant, on lui redonne ces lettres de noblesse. On réalise ce que notre société aurait dû réaliser il y a longtemps, qu’on a beaucoup à apprendre en échangeant avec eux. Et si on redonnait aux jeunes autochtones cette fierté d’être issu d’un monde qui ne s’invente plus ? Et en plus, parce que je crois qu’il y a un peu d’égoïsme dans tous nos choix, dans tout ce qu’on fait, reconnecter avec notre histoire, je vous le jure, a quelque chose de passionnant !! D’autant plus que cette histoire, elle est fascinante… experience_algonquine En Abitibi-Témiscamingue, cette expérience peut se vivre avec Abitibiwinni l’expérience algonquine et Algonquin Canoe Company. Tourisme Abitibi-Témiscamingue vient aussi d’engager une personne ressource qui aime et accompagnera les communautés sur le territoire à développer leur potentiel touristique. Le rapprochement des peuples occupe une place importante dans la démarche CULTURAT. Je vous invite aussi à visiter le site Web de Tourisme Autochtone Québec. N’hésitez pas à nous en donner des nouvelles !!! *Le nom d'origine de la rivière Harricana est "Nanikana". Les missionnaires de l'époque apprenaient la langue algonquine au son et déformèrent ce mot pour en faire le mot "Harricana". L'expression algonquine Nanikana prend tout son sens lorsqu'on nous explique qu'elle signifie "La voie principale" (Source Wikipédia).