Cet article est le fruit d'un partenariat avec L'Indice bohémien
Active dans le monde du théâtre depuis de nombreuses années, la Témiscamienne Solène Bernier a toujours su intégrer les matériaux recyclés à sa démarche artistique. Grâce à cette matière, elle construit des liens métaphoriques avec ses thèmes de prédilection : la résilience et la vulnérabilité. Au cours des derniers mois, elle a parlé de cet aspect de sa démarche avec les élèves de 4e, 5e et 6e année de l’école Notre-Dame-de-Protection dans un processus aussi créatif que sensibilisateur.
La liberté de l'enfance dans la création
Il faut dire que Solène a longtemps orienté son art vers un public adulte, elle s’est redirigée vers les enfants il y a quelques années : « Le théâtre pour adulte est plus rigide. Avec les enfants, il y a plus d’imaginaire, de fantaisie. Le comédien s’efface davantage derrière les personnages. »
Ainsi, elle remarque que les tout-petits sont connectés de très près à leur créativité, leur imagination et leur émerveillement.
« Plus ils grandissent, plus ils se collent à la réalité des choses et commencent à être plus formatés. Il y a un travail à faire pour les ramener à la réelle liberté de créer, à leur propre créativité », illustre l’artiste.
Un chaos créatif
De même, en décembre dernier, Solène s’est présentée à l’école Notre-Dame-de-Protection avec de multiples caisses de matériaux recyclés de toutes sortes. De cette façon, dois de grève, bâtons, contenants vides, chaudières et autres objets divers ont rempli la salle de science.
Alors, les enfants se sont lancés, en équipe de quatre, dans la création d’un personnage unique. « J’ai dit aux enseignantes de ne pas s’embêter avec la discipline, de ne pas tout classer en ordre. Je voulais permettre le fouillis. » raconte l'artiste. Solène s’appuie sur un processus intuitif et tenait à ce que les enfants se laissent aller dans le moment présent, ce qu’ils ont réussi avec brio.
« Aucun élève n’est sorti du contexte. Ils étaient enthousiastes et débordants de créativité. En une rencontre d’une heure et demie, ils avaient réussi à créer des personnages et une sorte de mise en scène, un décor », explique l’artiste, visiblement enchantée.
Un rôle selon leurs préférences
Finalement, une fois les personnages créés, les équipes en ont fait les personnages principaux de récits originaux qu’ils ont présentés aux autres. « Tout le monde participait. Certains, parfois les plus timides, animaient les personnages pendant que les autres faisaient les voix et les sons. Ils ont pu voir qu’une pièce de théâtre comprenait beaucoup de choses : des décors, des voix, des sons, une histoire, etc. », indique l’artiste.
Aussi, les personnages sont maintenant exposés à la bibliothèque de l’école où ils seront utilisés par le personnel enseignant pour inciter les élèves à créer des fictions. Question d’inclure vraiment toute l’école, les élèves du préscolaire seront, quant à eux, invités à bâtir des décors.
Des outils et des liens solides
Soulignons que les effets bénéfiques de cet atelier de création sur les élèves de l’école ont été nombreux. Bien que la plupart soient déjà fortement conscientisés à la protection de l’environnement, le travail avec des matériaux recyclés a été l’occasion de leur enseigner des actions concrètes et de les sensibiliser à la revalorisation : « Ils me posaient beaucoup de questions sur où je trouvais les objets. J’ai pu leur parler de la ressourcerie Bernard-Hamel, de l’importance de voir si on peut donner une deuxième vie aux matériaux avant de les jeter. »
En plus de renforcer leur sentiment de communauté en s’impliquant dans un projet commun, les élèves de l'école Notre-Dame-de-Protection ont retenu une formidable leçon de partage, de liberté de créer et d’imagination. Comme quoi, l’inventivité et le plaisir demeurent les matières premières de la création!