Aller au contenu
retour

Val-d’Or était la première station de notre périple, notre premier El Dorado, le premier moment où nous pourrions sortir de la voiture et nous dégourdir les jambes sur le long terme. À chaque fois que nous apercevions une pancarte, nous tentions de la photographier, toujours rassurés que le nombre de kilomètres descende au lieu d’augmenter. Je savais que nous allions loin et même si les nuages nous indiquaient le contraire, nous nous dirigions tout droit vers le soleil, tels les chercheurs d’or les plus casse-cou à l’époque de la ruée vers l’or de San Francisco. Je ne savais pas que nous allions trouver de l’or. Je ne pensais même plus qu’il y en avait encore à trouver dans ce coin de pays. Val-d’Or, selon moi, était un nom de ville prisonnier de l’effervescence de son passé. Grand bien m’en fasse, je me suis couchée beaucoup moins niaiseuse quand j’ai compris que c’était tout le contraire. [caption id="attachment_7979" align="alignnone" width="1024"]Tournée photo Mathieu Dupuis 2014 Photo : Mathieu Dupuis[/caption] Notre arrivée à Val-d’Or a eu un grand effet sur moi. En entrant sur la troisième avenue, après moult carrefours giratoires, j’entendais presque les mélodieuses notes d’Ennio Morricone effleurer mes oreilles. À la vue de l’avenue très large et de l’architecture très basse des bâtiments, totalement ravie, je me suis écriée : « On est au Far West, la gang ! ». Devant le grandiose soleil qui se couchait devant nous, au bout de la rue et devant cet immense ciel que les plaines abitibiennes nous offraient, je me sentais en terre inconnue, mais surtout, je sentais que nous n’avions pas besoin de moi, que tout allait bien. Qu’à un endroit où le soleil sait si bien se coucher, les gens savent se reposer et vivre. [gallery link="file" ids="7980,7977,7978"] Ici, les cowboys cherchent de l’or et se promènent en voiture. Appelons-les, des cowboys modernes. Les cowboys modernes peuvent profiter de plusieurs saloons, portes battantes ou pas, sur la troisième avenue. Les cowboys modernes ont compris que les duels ne servent pas à grand-chose et que plus on est à chercher de l’or, plus on risque d’en trouver. La troisième avenue était, à mon sens, le filon d’or de Val-d’Or. Tout se passait en périphérie de ce filon. Le silence et le temps qui passe, à Val-d’Or, n’a pas besoin d’une petite boule de paille qui fait son chemin devant la caméra dans un film de Sergio Leone, le silence prend sa forme dans la façon de marcher des gens, la taille plus basse qu’ailleurs, décontractés. Le silence en est un de confiance, de calme. Il y a encore de l’or à trouver, les habitants le savent. Ça paraît. L’or est un des métaux qu’on contemple, qu’on vend, qu’on s’arrache depuis le plus longtemps. Je ne sais pas qui a décidé que l’or avait de la valeur. Probablement un pharaon quelconque. J’aimerais le remercier personnellement. Grâce à lui, il y a un Far West au Québec, figé dans le temps, il y a de dignes cowboys modernes et plus importants encore, il y a ces rêves d’un monde western qui continuent d’habiter notre imagination.