Les pierres de fée m'ont toujours fascinée. Elles parlent à la petite fille en moi, fascinée par les histoires de magie, à la grande curieuse qui s'intéresse aux croyances de ceux qui ont d’abord foulé notre territoire, à l'amateur d’art qui aime à jouer avec les formes et peut-être un peu à la une fille de géologue que je suis. Puisqu'elles sont particulières à ma région, je voulais en savoir un peu plus sur leur provenance, leur signification etc. Bien que j'en sache un peu plus maintenant, ma fascination ne s'est pas pour autant atténuée, bien au contraire...
Certains aime raconter que de petits êtres imaginaires doués d’un pouvoir surnaturel ont laissé leurs traces en nos contrées. D’autres vont dire que ces pierres permettent de communiquer avec les fées. Si les « fairy stones » de la Virginie aux États-Unis sont bel et bien des larmes versées par de délicates petites créatures magiques, c’est peut-être qu’elles ont bel et bien eu un rôle dans le monde de la cristallographie.
Les Amérindiens les arboraient comme fétiche. Ils les appelaient « pierres de fée ». Elles leur portaient bonheur au cours des expéditions de pêche et de chasse : « … alors que les amoureux offraient les plus belles aux élues de leur cœur. Les plus grands spécimens occupaient une place d’honneur dans les maisons où selon la légende, ces pierres assuraient la protection contre les mauvais esprits en plus d’apporter santé et prospérité aux occupants des lieux »*.
Les amateurs d’art y voient un phénomène surprenant. Les pierres de fée ont quelque chose de poétique. Leurs formes fantaisistes intriguent. Elles rappellent les œuvres d’artistes contemporains, on remarque même une certaine analogie avec les sculptures inuit. « … la fascination qu’exercent certaines pierres naturelles (minéraux) ne provient pas uniquement de leur rareté ou valeur scientifique, mais aussi de leur expressivité et leur pouvoir d’évocation »*.
Les scientifiques quant à eux parlent de concrétions constituées de sable fin et de limon, consolidées par un ciment calcaire, formées lors du recul du front glaciaire. Les lignes irrégulières sur certaines pièces sont dues aux traces laissées par de minuscules organismes qui ont été fossilisés au cours de milliers d’années. Les pierres ont été transportées par les cours d’eau et déposées au bord des lacs et des rivières.
Pour une région façonnée par des grands lacs d’origine glaciaire, foulée par les Amérindiens, marquée par la richesse de ses minéraux, près de son histoire et qui tend à se développer par les arts et la culture (pensons à CULTURAT 2015), les pierres de fée ont quelque chose d’emblématique.
Tourisme Abitibi-Témiscamingue a voulu mettre ce phénomène naturel, plus ou moins connu à l’avant-plan. Voilà pourquoi les pierres de fée, ou les « galets » diront certains, se retrouvent bien en vue sur le Westfalia qui sera tiré à la fin de l’été. C’est le centre de la campagne de promotion de notre belle et grande région, MON WEST, MON VOYAGE. Un merci tout spécial à l’illustratrice Annie Boulanger pour cette superbe représentation.
À ceux qui espèrent maintenant qu’on leur dise où se trouvent ces fameuses pierres, nous dirons que nous protégeons jalousement le secret. Nous ajouterons toutefois que nous partageons aisément nos secrets avec ceux qui viennent nous rendre visite :). Il paraît que ça fait tout notre charme. C’est bien connu, ici, on vous accueille à bras ouverts!
Quelques indices pour commencer : la peintre et sculpteure miniaturiste, Liliane Gagnon travaille avec les pierres de fée. Allez lui rendre visite à La Boutique de l’Atelier. Le Musée minéralogique de l’Abitibi-Témiscamingue présente une belle collection. Si vous croisez le directeur, Jean Massicote, parlez-lui de ses expéditions. Les producteurs du circuit historique théâtral, Amos vous raconte son histoire, en remettent soigneusement une à chacun des spectateurs. Vous pouvez aussi en acheter de toutes petites au Magasin général Dumulon. Vous trouverez même là les produits fantastiques d’artistes de la région qui se sont laissé inspirer par le mythisme qui entoure les pierres de fée. Bonne recherche !
*Les citations proviennent du livre PIERRES DE FÉE, petites sculptures naturelles d’allure monumentale de Jean-Paul Drolet (1993). L’auteure s’est grandement inspirée de l’œuvre pour rédiger cet article.