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Le Refuge Pageau: au-delà de l’attraction touristique

Ça fait maintenant 4 ans et des poussières que je reçois au moins autant que je donne en travaillant au Refuge Pageau. Je me plais à dire que je suis une “réfugiée”, j’ai débuté ici alors que j’en avais marre de ma vie étudiante dans la grouillante ville de Montréal. Mon cœur d’Abitibienne avait besoin d’air et moi de me ressourcer durant l’été.

Marie-Frédérique s'émerveille devant des espèces ailées. Photo : Hugo Lacroix

J’ai d’abord été guide sur le terrain puis j’ai eu la chance de participer aux soins de plusieurs animaux et orphelins. Maintenant, je continue de prendre des orphelins, mais occupe plutôt les bureaux de notre bel accueil neuf afin de faire briller le refuge sur le plan des communications et du marketing. 

Le Refuge Pageau est l’attraction touristique la plus en vue à Amos et peut-être même en Abitibi-Témiscamingue. On ne compte plus les touristes de l’extérieur qui nous avouent avoir mis les pieds chez nous principalement pour visiter l’œuvre de Michel et de Louise Pageau, parfois d’aussi loin que la France, la Belgique ou même l’Afrique (sans blague, ça arrive vraiment)!

Pour les gens de la région, c’est l’endroit parfait pour permettre aux petits et aux grands d’observer de près les animaux qui peuplent nos forêts. Malgré tout ce que ça apporte à la région du point de vue touristique, le Refuge Pageau, c’est d’abord et avant tout un organisme sans but lucratif qui sert les animaux. Tous les pensionnaires que vous venez observer sont chez nous pour une raison et ce n’est pas celle de vous divertir (c’est la raison pour laquelle on ne dit pas le "Zoo Pageau", mais bien le Refuge Pageau, là est la nuance ;) ).

Photo : Christian Leduc

Bien sûr qu’il est divertissant et intéressant de venir parcourir les sentiers du refuge et rencontrer les animaux qu’il abrite, par contre, ce n’est pas la raison principale de leur présence parmi nous. Il y a deux catégories de pensionnaires au refuge : les pensionnaires temporaires (c.-à-d. ceux qui retrouveront leur liberté) et les pensionnaires permanents (c.-à-d. ceux qui doivent demeurer en captivité).

Il y a aussi deux zones au refuge, les zones visitées (parcourues par nos sentiers et accessibles aux visiteurs) et les zones d’isolement (où seul le personnel soignant a accès). Dans les zones visitées, les animaux sont gardés à des fins d’éducation principalement. Ils ont chacun leur histoire et/ou leur « bobo », mais s’ils sont condamnés à une vie captive, c’est pour apprendre aux gens qui viennent nous voir quoi faire ou ne pas faire pour éviter à d’autres animaux de se retrouver dans leur position. Comment aurait-on pu agir pour éviter que ça ne dégénère au point de devoir le garder en captivité et qu’il ne retrouve pas sa liberté comme tant d’autres que nous soignons chaque année?

Albi est une pensionnaire du Refuge Pageau. Photo : Mathieu Dupuis

Puis il y a les zones d’isolement. Ces zones aussi sont rarement vides! On y soigne et héberge des animaux presque toute l’année durant. Des animaux qui retrouveront leur liberté la plupart du temps, ou des animaux qui ne vont pas bien, ceux dont l’état de santé est trop instable ou incertain pour qu’ils soient vus des visiteurs. Parce que c’est aussi ça le Refuge Pageau. Quand on le visite, on voit le beau côté, les animaux en santé, on se fait raconter les histoires à succès et rarement les échecs. Mais des échecs, des histoires tristes, des animaux malades, des morts subites et inexpliquées, des euthanasies devant trop de souffrance, on en vit souvent.

marie-frederique_refuge pageau_at
C'est une photo de Titi et moi prise en 2012 alors qu'elle était âgée de quelques mois. Titi est décédée ce printemps d'une cause inconnue... C'est Louise qui l'a retrouvée inanimée. Un deuil qu'on finit, malheureusement, par trop bien connaître au refuge!

Heureusement, on a au refuge une équipe soignante dévouée, aimante et humaine. Notre travail est souvent envié et c’est vrai qu’il est enviable! Personne ici ne niera qu’il est chanceux de travailler avec les animaux sauvages, nous sommes tous ici par passion. Mais croyez-le, après une journée où on perd un bébé dans lequel on avait fondé beaucoup d’espoir et dépensé beaucoup de temps, d’énergie et d’amour, ça en prend de la passion pour décider de poursuivre. Ça en prend, parce qu’au fond on est et on restera toujours devant l’incertitude. Avec les animaux sauvages, l’incertitude du lendemain est grande. Malgré tout, nous sommes certains d’une chose, c’est que ces bêtes de partout dont la détresse fait écho jusque chez nous, nous les aidons et aiderons toujours au meilleur de nos capacités.

Photo : Hugo Lacroix

L’équipe c’est une chose, mais les visiteurs ont aussi une importance capitale au Refuge Pageau. Sans visiteurs, le refuge ne serait rien. Chaque visite au refuge est un don. Les frais d’admission que vous payez en venant nous voir sont entièrement réinvestis dans la poursuite de notre mission. C’est maintenant plus de 60 % des frais qui sont couverts par les revenus générés par les visiteurs. Ainsi, un grand et sincère merci à vous qui êtes derrière nous, c’est votre empathie qui nous aide chaque jour à faire un réel changement.