« Il faut toujours avoir des projets, c’est ça qui est important, c’est ça qui nous entretient, qui nous tient en vie, en forme. Avoir des projets, c’est ça qui est la source du bonheur. » - Jean-Paul Charlebois. Et des projets, on peut dire que Jean-Paul Charlebois en a eu toute sa vie. Né à Rouyn en 1943, il a fait sa maîtrise en récréologie à l’Université de l’Oregon, puis est revenu en Abitibi-Témiscamingue et s’est impliqué activement dans le développement de sa région, notamment dans les sports et la culture. « C’est parce que j’y croyais beaucoup, par passion, explique-t-il. Je croyais qu’il fallait que je sois de tout acabit. On commençait beaucoup de choses dans notre région. Tout était à la base et il fallait s’impliquer sur plusieurs plans pour faire avancer les affaires. Je voulais qu’on démontre au reste du Québec qu’on était capable de faire des choses aussi bien qu’ailleurs, peut-être mieux même parfois. Ça me guidait beaucoup dans mon travail au quotidien. » Et la preuve qu’il a réussi à démontrer qu’il pouvait faire de grandes choses, c’est bien toute la reconnaissance qu’il a obtenue au niveau provincial. « Quand je travaillais au Cégep, on m’a demandé d’aller travailler aux Olympiques de 1976, précise-t-il. On est venu me chercher pour être adjoint au directeur de la compétition de Basket-Ball parce que j’ai fait mon nom en organisant des choses chez nous. C’est le tournoi de Basket-Ball inter collégial qu’on organisait qui mettait aux prises les meilleurs équipes des collèges québécois avec les meilleurs de l’Ontario. On a trouvé un concept pour amener les gens chez nous. On a fait ça pendant 4 ans avant les Olympiques. C’est devenu un gros, gros tournoi. Les meilleures équipes du Québec et de l’Ontario se défonçaient pour venir ici parce qu’on les logeait bien, ils étaient bien nourris et le tournoi était bien organisé. Aux championnats sportifs québécois, à Rouyn-Noranda, en 1983, ils m’ont demandé comme directeur général et l’université, mon employeur de l’époque, a acceptée de me prêter. Donc, j’ai travaillé à temps plein à l’organisation du Championnat de février-mars jusqu’à la fin des jeux à la fin d’août. Et après ça, il y avait une crise au sein de la Société des sports du Québec (qui était un regroupement des fédérations sportives) et ils cherchaient quelqu’un pour prendre la présidence et relancer ça et on m’a approché. Je ne savais pas trop dans quoi je m’embarquais… mais effectivement, on a relancé ça et ça nous a amené éventuellement à une fusion forcée. Le ministre des Loisirs, de la Chasse et de la Pêche de l’époque, Yvon Picotte, avait décidé que la Société des jeux du Québec se fusionnerait avec la Société des sports du Québec pour faire un organisme, ce qu’on a appelé Sports Québec, qui existe toujours aujourd’hui. J’ai donc été le premier président et j’ai été là pendant deux ans. » Mais cette énergie, cette volonté de montrer au reste du Québec et du monde ce qu’on était capable de faire, il n’était pas le seul à l’avoir à l’époque. C’était, comme on peut dire, dans l’air du temps (et je dirais même que c’est encore dans celle qu’on respire aujourd’hui…). « On le dit beaucoup dans mon livre que je viens d’écrire, que les Huskies (l’équipe de hockey junior majeur de Rouyn-Noranda), c’était l’impossible. On était des rêveurs, c’était pas possible de faire ça, une équipe dans une région éloignée. Un petit marché, ça durera pas. On cherche à démontrer encore une fois qu’on est capable de faire les choses ici aussi bien et on a réussi dans le passé et on réussit encore. » [caption id="attachment_11151" align="alignright" width="216"] Photo : gracieuseté[/caption] Son livre, dont le lancement était la semaine dernière, en est déjà à sa deuxième impression. Un rêve devenu réalité, publié à l’ABC de l’édition, ce n’est pas seulement le récit de ceux qui ont mené les Huskies du tout début vers la coupe du président de l’an dernier, c’est aussi celui de Jean-Paul, son aspiration à écrire un livre. « Je suis très content de mon livre, avoue-t-il. Quand j’ai pris ma retraite, je savais que je voulais revivre l’histoire, revenir sur le hockey que j’avais connu dans mon jeune temps, les joueurs de l’époque, dans une approche historique, en me disant que ce serait le fun d’écrire un livre un jour. J’ai toujours aimé ça écrire. J’ai commencé à travailler là-dedans lentement. Au début c’était large, sur le hockey en Abitibi-Témiscamingue, mais quand j’ai vu ce que ça représentait, j’ai réduit ça à Rouyn-Noranda. Mais encore, c’était énorme. Et là, je me suis dit que comme je suis pas mal impliqué dans les Huskies, si je voulais écrire quelque chose de plus proche de nous et de peut-être plus populaire, ça devait être ça. Donc, je me suis mis plus résolument à l’ouvrage et je me suis donné un échéancier : les 20 ans de l’équipe. » Son implication avec les Huskies ne date effectivement pas d’hier, puisqu’il en est la « voix officielle » à la radio depuis maintenant plusieurs années. C’est pourtant un hasard qui l’a mené à devenir descripteur des matchs de l’équipe. Ce qui, au départ, ne devait être qu’un remplacement est devenu pour lui une (autre!) véritable passion : « C’est quelque chose que j’aime beaucoup. C’est la passion du hockey, encore, mais c’est aussi le goût de l’action. C’est le défi aussi que ça représente. Et juste la description, c’est un exercice mental qui est bon pour moi. D’apprendre les noms par cœur avec les numéros et les défiler dans la vitesse de l’action. J’ai jamais pensé faire ça, mais mes frères m’agacent beaucoup avec ça parce que souvent, quand on jouait du hockey de table ou qu’on jouait dans la cave, je faisais le descripteur. » Aîné d’une grande famille de 13 enfants, il n’y a rien d’étonnant que son goût pour le sport soit aujourd’hui si prononcé, puisqu’il a marqué son enfance entière. « Mon père était un adepte du conditionnement physique. C’était un policier et y’était convaincu qu’il fallait qu’il soit toujours en très grande forme physique. Il faut dire qu’il était policier à une époque où la force était très importante, à Rouyn et à Noranda dans les années 40. C’était rough pas mal ici dans ce temps-là et on mettait pas des gants blancs pour arrêter quelqu’un. Ça jouait dur, donc, il s’entraînait. Y’était toujours très fort dans l’entraînement. Y’a fait de la boxe, de la lutte, après ça, on l’a vu faire du vélo. Puis aussi, le fait qu’on soit une grosse famille dont 7 frères rapprochés, (faut pas oublier que dans les 8 premiers de la famille chez nous, y’a 7 garçons). On pratiquait beaucoup de sports tout le temps autour de chez nous. On avait toujours une équipe complète, donc on pouvait faire n’importe quoi! » Il suffit de compter le nombre d’entraîneurs et d’enseignants en éducation physique dans la famille pour se dire qu’effectivement, ils ont dû tomber dedans quand ils étaient petits! Parce qu’il est un bel exemple de passion et d’implication dans sa région, Jean-Paul Charlebois est sans nul doute un Gens de l’Abitibi-Témiscamingue!