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Jacques Baril, maître dans l’art de s’exprimer

Bien décidé à visiter la région par ses petites routes de campagne, vous vous promenez le long d’un chemin bordé de petites maisons pittoresques entourées de majestueux champs. Vous profitez de ce paysage quand, au détour d’un petit rang, se dessine le petit village de Gallichan.

Soudain, votre œil est attiré par une étrange structure métallique. En la regardant de plus près, vous constatez qu’il s’agit de vieilles chaises d’école soudées en une impressionnante tour de bois, de métal et de couleurs.

Vous êtes fasciné par l’œuvre quand soudain s’avance vers vous un homme en salopette, aux cheveux et à la barbe longs, d’un blanc éclatant. C’est lui qui a créé « La Tour du savoir », l’œuvre extérieure devant laquelle vous vous trouvez.

Il se présente comme étant Jacques Baril, sculpteur : « Jacques Baril, c’est un jeune qui venait de l’Abitibi et qui a décidé, après l’avoir quitté pendant 10 ans, sur un coup du hasard, de revenir en Abitibi et de dire à tout le monde qu’il était un sculpteur, vous dit-il en riant. Depuis ce temps-là, il est encore jeune (il rit de plus belle). C’est un sculpteur et il a vraiment adopté l’Abitibi comme le pays dans lequel il voulait vivre. À l’époque, je restais sur le plateau Mont-Royal et j’avais décidé que cet été-là, je faisais du pouce jusqu’à Vancouver pour m’en aller ensuite au Mexique. J'allais passer l’hiver au Mexique et après, je comptais revenir à Montréal. Mais comme j’avais mes Grands-Parents qui habitaient à Rapide-danseur et que ça faisait à peu près 8 ans que je les avais vus, j’ai décidé de passer par là. Je les ai aidés à faire les foins et une journée, j’étais sur une colline avec mon râteau et j’ai vraiment eu la sensation d’un vent chaud du sud qui m’a envahi. C’était comme un vent d’inspiration et tout de suite, j’ai comme embrassé le paysage du regard et ça m’a vraiment donné le feeling que ma place sur la terre, c’était ici. Je suis quand même allé au Mexique, mais tout le temps que j’étais là-bas, je pensais juste à revenir ici. Au printemps, je suis revenu et j’ai habité dans une maison dans laquelle mes grands-parents mettaient le grain. Y’avait pas d’eau courante, pas d’électricité. Je suis resté là trois ans et demi. Mes premières expositions que j’ai faites en métier d’art, c’était vraiment des objets faits à la lampe à l’huile, avec une scie, une égoïne, un marteau, des gouges. »

Depuis, il n’a pas quitté l’Abitibi-Témiscamingue. Bien qu’il n’habite plus cette même vieille maison, il réside toujours dans la campagne et y est particulièrement attaché : « Le paysage d’Abitibi, c’est un paysage de profondeur. C’est pas un paysage qui nous éblouit parce qu’il est grandiose, mais de n’importe quel point où on est, on peut voir l’horizon. Comme si le fait de pouvoir voir aussi loin, ça crée une sorte de sentiment intense, presque quelque chose de spirituel. »

S’il voit même les paysages dans une perspective de 3D, vous dites-vous, ce n’est pas étonnant qu’il ait choisi d’être sculpteur. Il s'est d’ailleurs toujours dit qu'il allait se consacrer entièrement à ce métier, même si c’était parfois un peu plus difficile. Aujourd’hui, il en vit très bien et se dit même un peu débordé par les contrats qui ne cessent de s’enchaîner. L’hiver, ce sont surtout les concours de sculptures sur neige (qu’il gagne très souvent) qui le font se promener d’un coin à l’autre du pays.

En l’écoutant parler de ses œuvres et de la vitalité culturelle de la région qui se manifeste, entre autres, par le biais de CULTURAT, vous vous dites que les gens de l’Abitibi-Témiscamingue possèdent sans nul doute l’art de s’exprimer et de partager leur culture. « CULTURAT pour moi c’est une super belle aventure, dit-il. C’est juste d’en profiter, de se mettre en disposition pour que ça marche. Je trouve que c’est un véhicule formidable pour faire connaître aux autres qu’est-ce que c’est que l’art en Abitibi-Témiscamingue, de quoi on vit et qu’est-ce qu’on est dans le fond. Effectivement, nous autres (Liliane et lui) on est l’exemple assez parfait de l’idée qu’on propose notre vision aux gens de l’extérieur sans avoir l’idée de leur retirer de l’argent. »

Car Jacques Baril et Liliane Gagnon proposent aux visiteurs de faire le tour de leurs œuvres et de leurs démarches directement dans leur atelier. Au-delà d’une boutique, c’est avant tout la rencontre avec ces deux artistes hors de l’ordinaire qui en fait un attrait, c’est la passion avec laquelle ils vous racontent leurs métiers et vous expliquent leurs œuvres. « C’est une boutique, bien sûr, explique Jacques, mais ce n’est pas vraiment dans un but mercantile. C’est vraiment dans un but de rencontre qu’on le fait, parce que ceux qui s’arrêtent ici sont des gens spéciaux qui viennent oui, pour voir ce qu’on fait, mais surtout pour nous rencontrer. »

C’est d’ailleurs à cette même ouverture d’esprit que Jacques invite les visiteurs dans la région : « Il faut arriver en Abitibi-Témiscamingue avec l’esprit ouvert. Il ne faut pas arriver ici et chercher des choses. Il faut laisser les choses nous trouver. Il faut comme plus avoir le sentiment d’arriver en quelque part et d’être prêt à accueillir ce que le paysage et les gens ont à offrir. Il ne faut pas chercher ce qu’il y a de plus beau à voir parce que tout est beau à voir. J’ai vraiment visité le Québec partout et j’ai vu des paysages incroyables, mais quand on vient ici, c’est un autre monde. »

Et qu’est-ce qu’il fait quand il a le goût de décrocher, lui demandez-vous? « J’ai jamais le goût de décrocher, répond-t-il en riant. Mais quand je veux, je vais faire du bois de chauffage, je m’en vais dans le bois. Pour moi, c’est ressourçant au boutte. Ou je vais me promener sur le lac Abitibi, juste entendre l’eau du bateau, aller à la pêche. »

Les coups de cœur de Jacques Baril en Abitibi-Témiscamingue :

-  Le Rouge Café, à La Sarre;

-  Le Verger de l'île Népawa;

-  Les bijoux de Scaro;

-  La ville de Ville-Marie;

-  Le FME;

Envie d'en savoir plus sur la mystérieuse œuvre de Gallichan?