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« Si tu grandis à Rapide-Danseur, t’as pas le choix d’avoir du fun dehors. Y’a pas de petits voisins, tu t’amuses avec ce qu’il y a dans la nature. » Izak Borowitski

Et du fun dehors, on peut dire qu’Izak Borowitski n’a jamais cessé d’en avoir. « Ma vie se passe en majorité dehors, confie-t-il. Je dors dans la maison la plupart du temps, mais ça arrive même que je dorme dehors, à la belle étoile, s’il ne mouille pas. »

Izak se définit d’abord comme un fils d’immigrants, des Allemands qui sont arrivés ici en 1953 : « Mon grand-père était dans l’armée allemande. Il s’était fait prendre par les Américains en 45. Il a été prisonnier au Canada deux ans, puis il est retourné en Allemagne et s’est marié.  Quand mon père a eu 5 ans, mon grand-père s’est dit qu’il avait ben aimé ça, le Canada, les grands espaces et tout.  Ça fait qu’il est revenu et il a réussi à faire venir sa femme et son enfant. Il est allé faire le tabac en Ontario et après ça, y’avait 600 piastres pour s’acheter une maison. Y’a choisi l’Abitibi parce qu’ils donnaient deux terres et un cheval, c’était mieux qu’en Ontario. Y’est devenu agriculteur, ensuite mineur, puis il s’est mis à construire des petits chalets. »

Ces petits chalets sont ensuite devenus la Pourvoirie du portage, une pourvoirie aux abords de la rivière de Rapide-Danseur où le jeune Izak passait plusieurs semaines durant l’été. « C’est comme ça que j’ai appris l’anglais pis un peu d’allemand, précise-t-il. J’aimais ben la place, mais à un moment donné, mon grand-père a vendu. Y’avait 65 ans et j’en avais 15, j’étais trop jeune pour l’acheter. Mais comme le monsieur qui avait acheté avait pas la bosse de la pourvoirie, on a fini par la racheter de la banque. Depuis ce temps-là, on l’opère [en famille]. On l’a réparée, on l’entretient… on l’aime bien! »

Ce qu’il aime particulièrement du métier de pourvoyeur, même si ce n’est plus le seul qu’il exerce en ce moment (« c’est pas avec ça que t’envoies tes enfants à l’université… »), c’est le fait d’être toujours dehors, près de la nature. Izak a pratiquement toujours travaillé à l’extérieur. Après un cégep en administration et un peu d’université (« pas trop, j’ai pas fini »), il a commencé par planter des arbres, puis est devenu successivement débroussailleur, contremaître, contracteur en foresterie, puis en aménagement. De 1998 à 2011 environ, il a travaillé essentiellement dans le bois et a combiné ces métiers avec la gestion, en famille, de la pourvoirie dont ils sont propriétaires depuis 1996. « C’est notre 21e année. Ça commence à être notable! », s’exclame-t-il.

Cependant, ce n’est peut-être pas ce qu’il a envie de faire pour le reste de ses jours. « Les enfants sont grands maintenant, ajoute-t-il. Le plus jeune a terminé son secondaire et s’en va au Cégep à Rouyn; le plus vieux est entre le Cégep et l’Université. Et puis 21 ans, ça fait un boute qu’on a le goût d’aller se mettre dans le trouble ailleurs, d’aller aider, coopérer ailleurs dans le monde, où y’a peut-être moins d’hiver, où ils l’ont peut-être moins facile que nous autres. Donc oui, ultérieurement, on voudrait vendre, mais j’ai encore plein de terrains à Rapide-Danseur. Je quitterai pas mon Rapide.  On a encore une maison au village, on va la réparer un peu, la mettre plus à notre goût. Je quitterai pas, mais je resterai peut-être pas ici à l’année longue dans les futures années. L’été, c’est une place agréable où, à la rigueur, je pourrais aider les pourvoyeurs qui auront acheté l’endroit à guider, à découvrir des spots ou à amener en canot dans les endroits que les visiteurs apprécient d’habitude. Je pense aussi que même si on n’a pu de pourvoirie, on va accueillir encore ailleurs, ne serait-ce que dans notre propre maison ou dans un autre pays. Notre rêve, ça a été longtemps d’avoir une autre auberge dans le sud pour l’hiver. On peut encore rêver. »

Après s’être impliqué pendant huit ans sur le conseil d’administration de Tourisme Abitibi-Témiscamingue comme représentant des pourvoyeurs, Izak Borowitski vient tout juste de céder sa place. Une façon, peut-être, de se retirer déjà un peu? Ce qui est certain, en tout cas, c’est que le côté impliqué et passionné de l’homme n’est pas sur le point de s’éteindre.

Parce qu’il entretient sa passion pour la nature et s’implique dans le développement de sa région, Izak Borowitski est sans nul doute un Gens de l’Abitibi-Témiscamingue!