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Garde Duchemin, une superhéroïne

En plein cœur du village de La Corne se trouve un véritable joyau du patrimoine régional. Lieu de travail et d’habitation de Gertrude Duchemin, infirmière de colonie de 1936 à 1976, le dispensaire de la garde plonge les visiteurs dans le quotidien difficile, mais fascinant de cette époque pas si lointaine.

Une femme d'exception

Grâce au travail de Geneviève Grenier, directrice actuelle du dispensaire, et des équipes qui l’ont entourée, le bâtiment et le terrain sont classés comme lieux historiques nationaux. Aussi, toute la collection d’archives et d’artéfacts de garde Duchemin est répertoriée en bonne et due forme. Présente depuis les débuts de sa transformation en lieu historique, Geneviève présente un attachement marqué à cet endroit et à son récit. Évidemment, ce récit est aussi celui de milliers de personnes ayant vécu les débuts de la colonisation. Pour Geneviève, il n’y a pas de doute : garde Duchemin et plusieurs femmes de son époque étaient des superhéroïnes. Elle croit aussi que leur histoire n’est pas reconnue à sa juste valeur. Par conséquent, il est essentiel de la faire connaître aux nouvelles générations.

Dans le salon du Dispensaire de la garde à La Corne en Abitibi-Témiscamingue, en plus des artéfacts il est possible de voir comment la garde Beauchin occupait ses très rares temps libres.
Photo : Mathieu Dupuis


La bureau de la garde Beauchemin au Dispensaire de la garde est conservé comme à l'époque où la garde opérait. On peut même y voir des outils de travail originaux.
Photo : Mathieu Dupuis

Ce point de vue est appuyé par l’exposé de Timothy, notre guide. Il raconte le parcours de Gertrude Duchemin avec beaucoup de détails et d’intérêt. Après des études d’infirmière dans la région de Montréal, cette femme qui n’a pas froid aux yeux répond à l’invitation de son frère Georges, agent de colonisation en Abitibi. En effet, à cette époque, des familles venues des villes de la province viennent peupler le Nord-ouest québécois en échange d’un peu de sous et d’une terre à exploiter. Entouré de forêt à perte de vue, sans routes ni chemins carrossables avant 1945, dans le climat parfois rude de nos saisons, le quotidien de ces premiers habitants comporte son lot de défis et de potentiels incidents. Sur ce vaste territoire de plus en plus peuplé, l’unité sanitaire ambulante ne suffit plus. Qui plus est, l’unique hôpital est à Amos, en plus d'être difficilement accessible pour les situations urgentes. C’est dans ce contexte que l’on met en place le plan des dispensaires. De cette façon, une infirmière est envoyée de façon permanente dans les différents cantons pour dispenser des soins aux colons.

« À son arrivée à La Corne, en 1936, garde Duchemin réside d’abord dans la chapelle-école, parcourt en moyenne 30 kilomètres par jour, à pied, en raquettes ou en ski de fond pour se rendre au chevet de ses patients, et ne se repose que le dimanche. »

Gabrielle Izaguirré-Falardeau

À son arrivée à La Corne, en 1936, garde Duchemin réside d’abord dans la chapelle-école. En moyenne, elle parcourt 30 kilomètres par jour, soit à pied, en raquettes ou en ski de fond pour se rendre au chevet de ses patients. La cerise sur le gâteau : elle ne se repose que le dimanche. Bien sûr, sa détermination lui occasionnera même des tensions avec le curé. Celui-ci refuse de la voir porter des pantalons pour accomplir ses tâches. Comme garde Duchemin a du front tout le tour de la tête (et un certain sens pratique, disons), elle obtiendra une autorisation spéciale de la part de l’évêque.

Un pan de l’histoire de la région


Un bâtiment riche d'histoire(s)

Un pan de l’histoire de la région

En 1940, garde Duchemin intègre le bâtiment du dispensaire à peine achevé. À son arrivée, on n’y trouvait pas encore de chauffage ni d’eau courante. Au même moment, elle se procure une automobile. Forte de ces nouvelles acquisitions, elle commence à recevoir les patients dans son cabinet. D'ailleurs on peut visiter la fidèle reproduction de l'endroit. On y trouve des documents d’archives, comme les diplômes de formation de la garde et des livres traitant de différentes affections physiques et psychologiques. Une panoplie d’instruments médicaux sont aussi exposés et Timothy nous en révèle les utilités parfois étonnantes!

Timothy nous a expliqué que garde Duchemin jouait simultanément plusieurs rôles : psychologue, dentiste, obstétricienne, vétérinaire, tout y passait. On comprend ainsi l’ampleur de l’impact social engendré par le travail acharné. Le dévouement et la débrouillardise de Gertrude Duchemin en a inspiré plusieurs après elle.

En parcourant les autres pièces du dispensaire, on est guidés à travers les époques et les différents pans de la vie de garde Duchemin. Chaque endroit est aménagé pour représenter une période en particulier. Dans le salon, on découvre les loisirs auxquels elle s’adonne lors de ses (rares) périodes de repos.

Pour sa part, la cuisine de 1965 est entièrement conservée de l’époque. La pièce fait la démonstration d’une transition technologique importante. Aussi, une autre pièce nous convie à un rassemblement des infirmières de colonie de la région. On peut y visionner un court documentaire sur la vie de ces femmes. Dans le documentaire on voit Gertrude Duchemin s’exprimer sur ses souvenirs auprès de ses proches.



Un pan de l’histoire de la région

La fin de la visite propose un survol plus global. On y voit la pratique des soins infirmiers au Québec à travers le temps. En somme, la visite du dispensaire nous éduque sur le quotidien fascinant de la femme d’exception qu’était garde Duchemin. On apprend également sur un pan de l’histoire de la région et des soins de santé.


Grâce aux connaissances approfondies des guides et à leur désir sincère de répondre à toutes nos questions, il est facile de voyager dans cet univers. Finalement, garde Duchemin aurait eu tout au long de sa carrière le souci de conserver la trace de son parcours et de celui de ses consœurs. Cette attention transparaît dans la richesse et la précision du contenu présenté et de la collection qui l’accompagne.

Photo : Mathieu Dupuis

« garde Duchemin jouait simultanément plusieurs rôles : psychologue, dentiste, obstétricienne, vétérinaire, tout y passait.  »

Gabrielle Izaguirré-Falardeau

Plus qu'un musée

L’expérience du dispensaire de la Garde ne s’arrête toutefois pas à la visite guidée. Geneviève Grenier s’assure d’en faire un véritable lieu de rassemblement, de services et de divertissement. Un miniputt de neuf trous installé derrière le dispensaire est accessible pour 5$. Aussi, des activités ponctuelles de cinéma en plein air et d’heures du conte prennent régulièrement place sur le terrain du dispensaire. Le grand bazar annuel est aussi un incontournable!

Grâce à son service de location de vélos et d’objets roulants de tous genres (vélo de montagne, vélo électrique, trottinette, planche à roulettes), le dispensaire propose une offre complémentaire. Il est aussi possible de louer du matériel de sport (balles, raquettes, équipement de pickleball). Voilà une option intéressante pour des gens qui voudraient tenter ces expériences ou bonifier leur séjour. Le Dispensaire de la garde est un arrêt incontournable pour quiconque passe par La Corne ou les alentours.

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