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Portrait de Norbert Lemire 

Norbert Lemire, c’est synonyme d’aquarelles chargées de couleurs qui éclatent sur la page comme le coucher de soleil sur le lac. Rencontrer Norbert chez lui, à Laferté, dans les paysages qui l’inspirent, c’était émouvant. On a adoré entendre un artiste de sa trempe nous parler de son art. 

« Ça va être ton regard sur la réalité qu’on va observer dans ta peinture. C’est important que ce soit comme ça. Mais avant que tu réalises ça, tu viens de loin. Quand j’ai commencé à peindre, j’ai tout sacré là.  J’avais une offre de Monsieur Péladeau. On partait les éditions Quebecor. Il est venu m’offrir un poste de direction. Mais Montréal, moi… non merci.

Je me suis dit : « Bon, je suis à la croisée des chemins, qu’est-ce que je fais? » J’ai opté pour ma peinture. Envoye en campagne dans mon coin où j’ai grandi, à essayer de retrouver les traces de mon enfance, à faire des dessins de petites granges, de petits boisés et de quelqu’un qui cueille des fraises. » 

L’enfance de Norbert, c’est en Abitibi-Ouest qu’il l’a vécue. D’une part à Sainte-Rose-de-Poularies, imprégné des labours et des moissons, puis à Rapide-Danseur, inspiré par les remous de la rivière. 

« Quand mon père est décédé, j’avais trois ans. Ma mère a pris l’école de rang et on nous a placés dans des familles d’accueil autour de l’école, à Rapide-Danseur. C’est là que j’ai grandi. Mais à un moment donné, j’ai connu une Montréalaise. Quand elle a déménagé à Montréal, ben j’ai déménagé. Mais la vie montréalaise ne me convenait pas pantoute. Au bout de deux ans, je suis revenu. Puis, en 96, je suis allé vivre deux ans à Québec. Réennuie de l’Abitibi, retour en Abitibi. » 

Malgré les opportunités, les histoires d’amour qui mènent ailleurs, Norbert n’a donc jamais vraiment quitté son Abitibi natale. Quand il partait, c’était pour mieux revenir. 

« Quand tu reviens, dans le parc, tu commences à voir nos épinettes bien tassées. Tu te dis : « ha! j’arrive chez nous.» Tu as ce sentiment-là. Quand je vais peindre avec mes amis à Québec, dans Charlevoix… je finis toujours avec des paysages de l’Abitibi. C’est plus fort que moi. J’ai toujours le sentiment qu’il y a de beaux couchers de soleil ailleurs, mais les plus terribles sont ici. C’est peut-être une question d’altitude. Je sais pas, c’est très particulier. Moi, ça m’inspire parce que je m’y retrouve. Comme artiste peintre, je trouvais ça important de non seulement rester accroché à ma région, mais aussi d’en parler. Quand je fais des œuvres sur des mineurs, je fais référence à mon grand-père, à mes oncles, même à moi. J’ai été mineur de 16 ans à 19 ans, à la mine Wasamac. Il y avait un monsieur Brisson à la mine, il m’a dit : « Norbert, tu es tellement bon en dessin, si tu veux pas finir comme mineur, sacre ton camp d’icitte. » Le lendemain, je demandais mon bleu. Après ça… trois ans d’itinérance dans les rues de Rouyn. Puis après, j’ai commencé au journal La frontière comme maquettiste. » 

Comme beaucoup d’artistes, Norbert est un irréductible. Il n’a pas peur de changer complètement de cap pour respecter ses valeurs et surtout, pour vivre à sa façon. 

« J’ai « jumper », puis j’ai été réengagé trois fois. Entre ça, j’avais parti une imprimerie avec ma shop de sérigraphie. J’imprimais des calques, des T-shirts. J’étais lettreur. C’est probablement le métier que j’ai aimé le plus. Mais je suis content d’avoir pu passer 40 ans de ma vie comme artiste peintre. C’est sûr, j’ai fait des petites « jobbines » ici et là, mais c’est moi qui décide. » 

Son inspiration, il ne la trouve pas seulement dans les paysages, mais aussi dans les expériences que lui rappellent ces paysages. 

« À Rapide-Danseur, on n’avait même pas l’électricité. On avait des vaches, des moutons, des poules. Ces gens-là achetaient pratiquement rien à l’épicerie. Aller bûcher dans le bois, j’ai connu ça aussi, avec les grands assis sur le voyage de bois avec le cheval qui traîne, qui pète, avec une belle neige qui tombe. » 

Avec ses quatre saisons bien différentes, ses couchers de soleil particuliers et ses personnages colorés, la région n’a pas fini d’inspirer Norbert. 

« Je trouve ça tellement beau l’hiver! Des fois, tu as des couchers de soleil sur la neige. Quand c’est beau de même, je m’imbibe du paysage. On dirait que ça reste dans ma mémoire profonde, puis à un moment donné, je me mets à travailler sur quelque chose, puis sans rien commander, ça se met en place tout seul. » 

Aujourd’hui, Norbert Lemire prend plaisir à partager son expérience dans l’enseignement, en apprenant tout autant de ses étudiants qu’il leur transmet ses connaissances.  

« La seule chose qui, pour moi, en art, a une valeur, c’est ce que tu vas puiser en dedans de toi. C’est de l’ouvrage en maudit, mais tu sais, on ne réussit pas tout le temps. Des fois, je me laisse inspirer d’ailleurs et je me dis : « Wow, j’apprends quelque chose. » Puis, curieusement, plus je vieillis, meilleur je suis dans ma peinture. C’est là que je fais le plus d’erreurs, mais c’est là aussi que j’apprends le plus. Parce que je m’en sacre. Si ça part de travers, la poubelle est là. 

Norbert Lemire en vidéo

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