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Dans l’intimité d’un atelier à Amos

Rencontre privilégiée avec une joaillière d’exception, Caroline Arbour

J’ai toujours aimé rencontrer les artistes dans leur espace de création, leur atelier. Cet endroit un peu mystérieux où on les imagine solitaires, assis à leur bureau de travail, jour après jour, dévorés par leur passion.

On découvre alors le processus de création par lequel doit passer la matière afin de s’élever au statut d’œuvre d’art, avec minutie, patience, inspiration, talent et beaucoup de travail.

Quand dans cette intimité se vit une rencontre inspirante, d’une grande générosité, de temps et d’expression alors c’est un véritable instant de bonheur.

Cette rencontre privilégiée, je l’ai fait avec Caroline Arbour, la créatrice de Scaro. Un regard franc qui nous pénètre, une authenticité, une vivacité, mais aussi un calme étonnant, peut-être celui qui s’installe quand on a trouvé sa voie?

Autour d’elle, des présentoirs exhibent ses collections. Son atelier salle de montre ressemble à un cabinet de dentiste avec ses instruments de précision. Elle y travaille les pierres précieuses et semi-précieuses, sculpte à même une cire dense et foncée qu’elle enverra ensuite à la fonderie pour terminer le procédé à la cire perdue. Elle transforme l’or et l’argent à la main en sciant, martelant, polissant. Entre les petits éclats de cire et de métaux se trouve un magnifique scarabée à la carapace turquoise.

Elle me raconte que son directeur et professeur de joaillerie lui avait prédit qu’elle se dirigeait vers un échec avec ses bijoux inspirés par les insectes. Elle l’aura bien fait mentir! Sa carrière se porte très bien depuis maintenant 16 ans. Elle a même engagé une complice, Malou Thibodeau, pour lui prêter main-forte et fournir les commandes.

Caroline arrive justement de Paris où elle participait à une exposition en compagnie de deux artistes français. Cette exposition fait suite à un voyage avec la délégation québécoise en France au printemps 2014. En 2015, avec sa toute nouvelle galerie Artêria de Bromont, elle participe à d’importantes expositions internationales à New York, Londres, Hong-Kong et Toronto.

Caroline Arbour
Caroline Arbour | Crédit: Michel Julien

Elle me parle de ses inspirations, de tout, mais surtout du monde des insectes qui fait foisonner sa créativité débordante. Elle les transforme en de véritables sculptures entomologiques; le scarabée en particulier, mais aussi une cigale aux ailes d’or, une libellule formée de pièces d’horlogeries, pour ne nommer que ceux-là.

Parfois certaines pièces resteront uniques, d’autres serviront à produire des collections de bijoux. Sa collection Matières, tirée du coin de pays qu’elle a choisi, l’Abitibi, et de sa nature ; Bohème, sa collection à l’esprit libre ; Contemporaine, plus classique ; À fleur de peau, une collection organique aux courbes sensuelles et Haut de Gamme fait d’or et d’argent, sertis de pierres précieuses.

Je l’interroge sur sa collection masculine Matières qui s’est aussi imposée. Elle m’explique qu’elle voyait du métal et du bois des matières brutes pour parler des hommes d’Amos qui selon elle ne sont pas comme les autres.

— Que veux-tu dire pas comme les autres ?

— Tu sais des gars qui travaillent dans les mines…

— Non, je ne sais pas.

Elle s’arrête là, mi-sourire aux lèvres. J’aurais aimé en savoir plus.

Elle a cette qualité de présence qui nous donne envie de rester plus longtemps, de s’en faire une amie. Je suis certaine qu’après avoir quitté la Gaspésie, sa terre natale, et vécue à Québec quelque temps, les gens d’Amos, où elle est installée depuis huit ans, s’en sont tous fait une amie.

Dans les bars de Rouyn-Noranda, ce soir-là,  je voyais ici et là des scarabées accrochés délicatement au cou des jolies filles. On peut d’ailleurs trouver ses bijoux dans plusieurs boutiques de la région.

Il faut avant tout prendre rendez-vous avec Caroline pour avoir accès à son atelier Scaro, situé à seulement une dizaine de minutes du centre-ville d’Amos.

- Jasmine Nadeau

Lisez-moi: CoupdeCœurpourleQuebec.com