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Comment transmettre la passion pour la Nature à ses enfants ?

Par Marion Séguy, biologiste, M.Sc.

Pour ceux qui ont déjà lu mes chroniques par le passé, j’ai plutôt pour habitude de communiquer de l’information sur différents sujets en lien avec la faune ou la flore, tout simplement parce que c’est mon travail et que j’ai suivi une formation universitaire sur le sujet. Et puis peut-être un peu parce que je suis une passionnée de Nature. J’ai aujourd’hui quatre enfants en bas âge et pour cette chronique, qui sera publiée dans le cadre d'un partenariat entre Abitibi-Témiscamingue et le Couvert Boréal, on m’a proposé de vous parler de la transmission de ma passion à ma progéniture. J’ai accepté le défi. Car oui, c’est un défi de vous parler de ma façon d’impliquer ma famille dans cette passion. Alors que je suis à l’aise dans des chroniques d’information, là, on se rapproche plutôt de la chronique d’opinion.

La Nature reconnue par le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal

En décembre 2022 a eu lieu à Montréal la 15e Conférence des Parties (COP15) à la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique. C’était un évènement important, car c’est à ce moment que 190 pays (c’est-à-dire les parties) se sont mis d’accord pour reconnaître l’importance d’agir maintenant pour la préservation de la biodiversité. Cet accord porte le nom de Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal.

La Convention sur la diversité biologique est un traité international adopté lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, soit 30 ans avant la COP15, et qui a notamment pour but de conserver la biodiversité à une échelle mondiale. La notion de biodiversité a changé au cours des années, mais aujourd’hui, elle désigne la variété des formes de vie sur la planète, tout en considérant la diversité des écosystèmes, des espèces et des gènes, dans l’espace et dans le temps. Pour bien l’apprécier, il faut donc considérer toutes les interactions de ces formes de vie entre elles, dans toutes les échelles d’organisation. La biodiversité, c’est donc très large. Moi j’aime bien simplifier tout ça et parler de Nature avec un grand N.

Prendre le temps pour mieux profiter de la Nature

Donc, dans le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, les parties reconnaissent que « la biodiversité est essentielle au bien-être humain, à la santé de la planète et à la prospérité économique de tous les peuples ». Et ça, c’est très important parce que dans nos vies d’humains pressés et « déconnectés » (excusez le mauvais jeu de mots), on a vraiment tendance à oublier que la biodiversité (la Nature pour moi) est essentielle à notre bien-être. Ici, dans la région, c’est peut-être un peu moins pire qu’ailleurs parce que la forêt est toujours notre voisine proche et que la plupart des habitants de l’Abitibi-Témiscamingue ont un endroit à eux pour se ressourcer en Nature. Néanmoins, combien sommes-nous à y aller pour en profiter pleinement ? Les enfants, le travail, les rendez-vous, la famille, les amis, les activités des enfants, les activités de la famille, les activités des amis, la température, les mouches, etc. On a souvent de belles excuses pour ne pas aller se ressourcer.

Mon conjoint et moi, on aime vraiment aller dans le bois, genre vraiment. Quand mon conjoint reste plus de deux heures dans la maison (dans le jour, hein), il doit sortir, sinon il ne se sent pas bien. Moi je suis un peu plus casanière et avec nos bébés, c’est un peu plus compliqué de sortir souvent. Aller dehors rime souvent avec « motiver tout le monde, habiller tout le monde, préparer les “en cas de besoin”, installer tout le monde dans l’auto, ah ! la couche du bébé est pleine ! Retourner dans la maison, déshabiller le bébé, changer sa couche, etc. » On finit par être pressé, stressé et, à travers tout cela, on oublie souvent qu’il faut juste arrêter de penser et en profiter de belles excuses pour ne pas aller se ressourcer.

Inculquer l’amour de la Nature en montrant l’exemple au quotidien

La transmission de la passion de la Nature à nos enfants, ça passe forcément par l’exemple (comme toute notion à leur transmettre finalement). Si vos enfants associent l’action de sortir en Nature avec des moments stressants, il y a des chances pour qu’ils n’aiment pas beaucoup ça. Aller en Nature, donc passer du temps de qualité à l’extérieur, a des effets physiologiques et psychologiques qui sont prouvés scientifiquement. En fait, est-ce contraignant, cher ou compliqué d’y aller ? Pour certains, ça peut impliquer un déplacement en véhicule, mais en se forçant un peu, on peut trouver une solution pour ne pas faire quatre heures de route ! Pour d’autres familles, ça peut impliquer un budget, mais, à ce jour, il n’y a pas de droit de passage à payer pour la forêt publique et, qui plus est, beaucoup de petites municipalités de la région proposent des sentiers pédestres très accessibles et gratuits. Ça prend de l’équipement ? C’est sûr qu’en hiver c’est mieux avec des raquettes ou des luges pour glisser, mais en réalité, ça prend juste nos équipements quotidiens (à savoir des vêtements et des chaussures).

Se ressourcer simplement avec la Nature

Cet hiver, forte de mon manque flagrant de ressourcement en Nature, je suis allée juste en arrière de chez nous, à quelques minutes à pied, là où il y a un petit rond de belle forêt. J’ai coupé quelques branches et j’ai fait un feu et, avec mes enfants, on a mangé des clémentines. La simplicité de ce moment a été telle qu’on s’est ressourcé pour vrai. Sans écran, sans musique, sans équipement particulier à part un briquet, une bouteille d’eau et des clémentines (ça peut être des bananes aussi). Je vous entends me dire : « Ouin, c’est sûr qu’en vivant à Authier-Nord, tu as plus de possibilités. » C’est pas faux. Cependant, je crois que tout le monde peut se donner les moyens de le faire en toute tranquillité et sans condition prérequise.

Développer une approche positive avec nos enfants

Aujourd’hui, j’ai l’impression que les enfants associent beaucoup la Nature à quelque chose qui va mal, qui est en train de mourir ou que l’humanité ne respecte plus. En tout cas, c’est le message qui passe dans les médias. Pour beaucoup de monde (les jeunes et les moins jeunes), ça cause de l’anxiété. Il y a même un vrai mot pour ça, de l’écoanxiété. J’ai fait beaucoup d’écoanxiété par le passé, quand j’étudiais la gestion de la biodiversité en France. L’urgence d’agir, la crise climatique, la sixième extinction de masse des espèces. Vous remarquerez que ce sont toujours des notions négatives. Vite, vite, il faut en profiter avant qu’il soit trop tard ! La Nature, je crois qu’elle rit de nous entendre nous dire ça. Ce n’est pas elle qui court à sa perte, c’est nous ! Chaque être humain est responsable de ses actes, toujours. Et la planète, elle a surtout besoin qu’on soit dans la joie, le respect et le bien-être. Attention, je ne dis pas que les actions de protection de la Nature sont inutiles. Surtout pas. Au contraire, il est essentiel qu’on se mobilise tous, avec les collectivités, les organisations, les gouvernements, et que l’on continue de mettre des cadres réglementaires pour la conservation de la Nature. Seulement voilà, les pensées négatives attirent rarement de bonnes actions !

Transmettre l’amour de la Nature à travers des expériences simples

Nous devons rendre visite à la forêt avec des pensées apaisées et sans jugement. Être reconnaissants pour sa beauté et ses mystères, et le montrer à vos enfants. Ça passe par de petits gestes très simples : prendre quelques minutes pour s’extasier devant un coucher de soleil époustouflant, trouver que la lune est donc belle ce soir, respirer ensemble le bon air pur d’un matin brumeux, s’arrêter et regarder des petits animaux grignoter leur nourriture, se mettre à quatre pattes et s’émerveiller des petites mousses, se promener la nuit en forêt et écouter les hiboux, ne pas avoir peur de se salir les mains et les vêtements, collectionner des trésors naturels, goûter les petites bulles de sève de sapin au printemps, pêcher des « bébittes » aquatiques, etc. Nous devons savourer chaque saison et chaque journée passée en Nature avec nos enfants. En toute simplicité, en toute sincérité, en toute authenticité. La Nature, elle a besoin qu’on la trouve belle et qu’on l’aime profondément. Les enfants ont besoin de NOUS voir l’aimer et s’en émerveiller.

Qui sait, ce sont peut-être bien eux qui vont NOUS transmettre la passion de la Nature ! J’aimerais beaucoup connaître votre opinion sur le sujet, écrivez-moi à l’occasion : [email protected].

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