Une petite femme, cheveux blonds presque roux, bondit de sa chaise pour vous accueillir dès votre arrivée. Son large sourire (de ceux qui donnent mal aux joues, par sympathie) et ses yeux bleus pétillants vous mettent à l'aise rapidement. En seulement quelques instants de discussion, son dynamisme communicatif vous envahit et votre cœur, aussitôt, a l'esprit à la fête. Il n'y a pas de doute, devant vous se dessine le portrait d'une experte dans l'art de célébrer, celui de Christine Morasse, directrice de la Corporation des fêtes pour tout le monde, celle qui coordonne l'organisation de deux événements importants à Rouyn-Noranda : Le festival pyromusical Osisko en lumière et la Fête d'hiver.
Parce que pour célébrer, il faut être stratégique, savoir inviter le bon monde au bon moment et surtout, accrocher les gens de la bonne façon, sa formation en créativité publicitaire et ses quinze ans d'écriture de scripts publicitaires pour la radio sont de précieux atouts. « Straight to the top! », vous dit-elle en parlant de ce qui la guide dans l'organisation de ses projets, non sans éclater aussitôt de son petit rire caractéristique. Celle qui a redonné un élan considérable à Osisko en lumière depuis 2015 vous dira cependant que le sommet ne doit pas être atteint trop rapidement : « On vise le sommet, mais on y va étape par étape. Ça va peut-être prendre vingt ans, mais on va se rendre en haut. Il faut juste pas aller trop vite, sinon on risque de redescendre aussi vite... ». En regardant la photo aérienne du spectacle de The Offspring l'an dernier, vous constatez l'ampleur de la foule regroupée autour de ce qui, vu des airs, n'est plus qu'un petit rectangle illuminé au bord d'un lac, et vous vous demandez (avec raison) de quoi aura l'air le sommet. « The Offspring, pensez-vous, dans une petite ville de 40 000 habitants... quand même! » C'est vrai, c'est exceptionnel. Osisko en lumière est d'ailleurs devenu une curiosité au Québec pour cette raison. Le secret? C'est même pas un secret parce que tout le monde en parle... L'accueil! (Il paraît que les artificiers se battent pour venir au festival.)
Malgré son hospitalité, son côté très sociable et cette capacité à organiser des « fêtes pour tout le monde », Christine Morasse demeure quelqu'un de plutôt solitaire. « Je viens d'une grosse famille, vous confie-t-elle. Je suis l'avant-dernière d'une famille de 9.» Une famille très impliquée dans la culture, d'ailleurs. Tout le monde sait, à Rouyn-Noranda, que les Morasse sont d'excellents musiciens et chanteurs. « On nous appelait la famille Von Strap, en référence à la famille Von Trapp de la Mélodie du bonheur, dit-elle en riant. Mais malgré tout, je suis une personne qui a besoin de calme. Je vis isolée sur le bord d'un lac. J'ai besoin de ma montagne! L'hiver, je fais de la raquette en quantité industrielle.»
L'hiver, c'est d'ailleurs sa saison préférée et partager sa passion pour cette saison est une des missions qu'elle s'est donnée avec la Fête d'hiver : « On veut que les gens apprennent à aimer l'hiver, au lieu de dire on a hâte que ça finisse. Autant avant on poussait la neige dans les coins, autant c'est rendu notre matière première. Maintenant, on se dit : Qu'est-ce qu'on peut faire avec ce tas de neige-là? Un labyrinthe géant! Et avec cette montagne de neige-là? Une glissade sur tubes de 85 pieds de haut et 200 pieds de long. Nos bandes de hockey sont en neige. Nos sculptures, c'est des sculptures de neige. C'est vraiment devenu notre matière première et on a plein d'idées pour l'année prochaine. » « Un labyrinthe géant en neige, pensez-vous, songeur... ça doit être génial.» Vous êtes un peu jaloux des habitants d'ici et vous avez bien raison, parce que la Fête d'hiver est devenu un incontournable pour les familles de Rouyn-Noranda et même d'ailleurs en région.
Vous vous dîtes alors que vous aimeriez revenir en Abitibi-Témiscamingue pour prendre le temps de visiter la région et vous osez poser la question à Christine : « T'aurais pas un conseil pour moi, si je revenais visiter la région? Quelque chose à faire ou à visiter absolument? » Un instant de silence, une fraction de seconde, et Christine sait déjà : « Prends ton temps! C'est vraiment par les gens d'ici que les gens restent marqués. Souvent, les gens vont avoir tout planifié leur itinéraire, ils veulent voir le parc d'Aiguebelle, le Refuge Pageau, mais c'est entre les deux que les gens d'ici vont les accrocher et leur dire : Hey, viens-t'en, j'ai un ponton, viens à la pêche! Les gens, c'est ce qui fait notre grosse différence. Et souvent, les touristes finissent par oublier tout ce qu'ils voulaient visiter. La preuve, c'est que les gens qui sont déjà venus en région vont dire : Tu viens de l'Abitibi-Témiscamingue? Hey, connais-tu un tel? au lieu de parler de nos attraits. Moi, je dirais prends le temps de jaser avec le monde et tu vas voir, il va t'arriver plein d'aventures que tu ne pourrais pas trouver dans le guide. » Oui, vous avez bien raison, décrocher même de la planification de ses vacances... ça, c'est vraiment l'art de décrocher!
Les coups de cœur de Christine Morasse en Abitibi-Témiscamingue :
- La soupe Curry-coco au Horizon Thaï;
- La salade Fardoche à La Muse Gueule;
- Le nachos du Cachottier!
- La pizza Teen Spirit du Pizzé!
- La poutine sauce aux poivres de Chez Morasse…avec du vinaigre!
- Partir sur la route vers le Témiscamingue et faire une pause sur le bord du lac à Ville-Marie… c’est super beau!
- Une descente sous terre c'est assez impressionnant, tout comme la visite de la Fonderie Horne (coulée d’anode de cuivre en direct).
- Pour impressionner ses visiteurs, elle les amène cueillir des bleuets sauvages sur les montagnes décapées de Noranda-Nord (Mont Powell).