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Solène Bernier, grande exploratrice de la résilience et de la nature

DOMINIQUE ROY, EN PARTENARIAT AVEC L'Indice bohémien

Figure marquante de la scène théâtrale en Abitibi-Témiscamingue depuis près de trois décennies, Solène Bernier se réinvente en explorant les arts visuels et multidisciplinaires. Avec Corail et les adhérences, elle privilégie une forme d’expression artistique où l’installation, la performance, l’art brut et l’exploration de la matière prennent le devant de la scène.

Ce tout récent projet se penche sur les limites de la résilience par la métaphore visuelle, étudiant le rapprochement entre l’endométriose, les violences gynécologiques et la crise climatique.

Concrètement, ce sont des installations sonores et visuelles mises en scène : des corps de femmes fissurés et envahis par des adhérences, des ronces, de petits filaments microscopiques pesant une tonne de briques.

« Nous portons en nous des blessures de la nature, hommes et femmes, mais davantage ces dernières à cause de leur constitution physique et génétique. Les femmes sont plus sensibles, voire plus fragiles à leur environnement », affirme l’artiste.

Le choix des matériaux, pour la plupart recyclés, est représentatif des valeurs écologiques de Solène Bernier. Chacun d’entre eux est significatif, notamment l’argile, cette matière organique servant à panser les blessures, ou encore le bois brûlé à la manière du Shou Sugi Ban, une méthode d’origine japonaise de préservation du bois par la carbonisation.

« Nous portons en nous des blessures de la nature, hommes et femmes, mais davantage ces dernières à cause de leur constitution physique et génétique. Les femmes sont plus sensibles, voire plus fragiles à leur environnement. »

Solène Bernier

Une installation évocatrice du vécu de l'artiste

Solène Bernier ressentait ce besoin de parler de l’endométriose dont elle souffre depuis sa jeunesse. À l’âge de 47 ans, c’est-à-dire il y a 3 ans, elle recevait le diagnostic officiel. « C’est un peu comme si le casse-tête de ma vie se plaçait au fil des jours, confie-t-elle. Mon intuition me faisait chercher, malgré l’intimidation des soignants rencontrés. Bien que la violence médicale, spécifiquement celle du champ de la gynécologie, soit reconnue et dénoncée, le déni est puissant chez l’humain : si l’on ne veut pas déranger l’ordre établi, on y adhère. » C’est à cette forme d’adhérence que l’installation et le titre de l’exposition font référence. D’ailleurs, rien n’est laissé au hasard, mars étant le mois de la sensibilisation à l’endométriose, et c’est ce moment de l’année qu’a choisi Solène Bernier pour livrer le produit final de sa création.

Quant à l’aspect « corail » de l’installation, il fait référence à la toxicité de l’environnement et à la pollution. Comme le corail qui perd ses couleurs, la femme en douleurs perd sa vitalité. Il y a aussi une référence au système endocrinien de la femme qui est plus sensible à la pollution, d’où le lien avec la crise climatique.

Une œuvre à quatre voix

Pour ce projet, Solène Bernier s’est entourée de trois artistes féministes : Gabrielle Demers, qui apporte une dimension littéraire et poétique; Sophie Lessard, collaboratrice de longue date qui contribue à l’œuvre par son expertise en arts visuels; et Clara Bastiani, photographe et cinéaste, qui enrichit le projet par sa perspective unique et son engagement envers les artistes en émergence. Le résultat est donc l’œuvre de ce quatuor dont les expériences de vie, le regard et les perspectives sont uniques à chacune.

Une approche théâtrale

En arts visuels, Solène Bernier côtoie l’art brut qui sort des normes artistiques traditionnelles, faisant confiance à l’action spontanée et intuitive, s’éloignant de la perfection, optant pour une approche naïve, dilettante, exploratoire et fluide.

L’œuvre Corail et adhérences sera présentée au Petit Théâtre du Vieux Noranda du 4 au 8 mars. L’heure des représentations est indiquée sur le site Web de ce lieu de diffusion artistique, partenaire chouchou de l’artiste depuis de nombreuses années.

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