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Abitibi-Témiscamingue – Montréal, en ski de fond

Une entrevue avec Guillaume Rivest – Partie 1

Entre Rouyn-Noranda et Montré al il y a; une réserve faunique, beaucoup d’épinettes, quelques moufettes, cinq régions administratives ainsi que des lacs et des rivières. Guillaume Rivest en est bien au fait. En vue d’aller faire une chronique en personne à l’émission Moteur de recherche, à Montréal, Guillaume s’est préparé pendant deux mois. Il s’agit d’une expédition de ski de fond qu’il estime d’une durée de plus ou moins 30 jours. En tout, l’expédition représente 650 km. Pendant son périple, des collaborateurs l’accompagneront. Parfois pour prendre des images vidéo et photo pour documenter l’expédition et d’autres fois pour lui tenir compagnie lors de certains tronçons de ce défi. Afin d’en connaître plus sur lui et ses motivations, Tourisme Abitibi-Témiscamingue a rencontré Guillaume à 3 jours, en comptant le jour de l’entrevue, de son départ.  
 

Tourisme Abitibi-Témiscamingue (TAT) : Guillaume, ce n’est pas n’importe qui se lance dans ce genre de projet. D’où est venue cette idée d’expédition ambitieuse ? Parle-nous de ton parcours… 

Guillaume Rivest : Depuis que je suis jeune, ça me fait tripper les grosses expéditions. Quand j’étais au primaire, j’entendais parler des expéditions des Bernard Voyer et ça me faisait capoter. J’ai aussi grandi en faisant du plein air, en allant sur la terre chez mes parents. Plus tard, j’ai fait un voyage dans l’Ouest canadien où j’ai dormi pendant 4 mois dans une tente. D’ailleurs, j’étais avec François Bédard pendant ce voyage-là. L’aventure et les expéditions ont toujours fait partie de ma vie.

J’ai étudié au BACC en plein air, mais je ne l’ai pas terminé. Je ne remets pas en question la pertinence de cette formation, mais c’est juste qu’à ce moment-là de ma vie, ça ne répondait pas à mes besoins. J’ai redirigé mes études vers la politique et l’environnement. Le plein air et les communications m’intéressaient.

Je suis revenu en région pour travailler comme journaliste, puis comme chroniqueur pour Radio-Canada. Cependant, j’ai toujours gardé une porte ouverte pour le plein air. J’ai suivi des formations techniques et des certifications alors que j’étais journaliste et chroniqueur. L’idée de faire de grosses expéditions et des aventures a toujours été en suspend dans mon esprit.  

Avant la pandémie, des amis et moi, on avait un projet d’expédition. C’est un projet qui était plus dans l’Arctique canadien. Évidemment, on a mis l’idée sur pause avec la pandémie. Cela dit, j’avais quand même envie de partir à l’aventure. Alors, je me suis penché sur ce qui était accessible. 

Un moment donné, alors que je faisais ma chronique à Moteur de recherche, je me suis dit : « Hey je pourrais aller faire ma chronique en ski, à Montréal ». C’est ainsi que l’idée est née.  

Photo : Dominic McGraw


TAT : Est-ce que tu as des motivations un peu plus cérébrales derrière cette expédition ? On a compris que tu voulais mettre de l’avant le territoire et le transport actif, peux-tu nous en dire plus à ce sujet ? 

Guillaume : Cette expédition devient un excellent médium pour toucher des enjeux importants. Des éléments de ma planification ont mis en lumière l’importance de la mobilité durable. C’est quand même un casse-tête, juste pour le trajet, de trouver des sentiers continus pour skier. J’ai dû trouver plusieurs alternatives parce que je n’ai pas envie de skier sur le bord de la route 117. Qui plus est, pour ajouter au casse-tête, c’est illégal de se trouver dans des sentiers fédérés de motoneige. On n’a pas beaucoup d’infrastructure au Québec pour profiter de la mobilité durable. En plus, c’est prouvé que le plus grand obstacle à l’utilisation de ces moyens de transport est justement, l’accessibilité.

Après, quand je vais skier de Belleterre jusqu’à Grand-Remous, je vais littéralement skier 300 km sans croiser de village. Puis de Belleterre jusqu’à la sortie de la Réserve Faunique La Vérendrye, près du lac Rolland, c’est 220 km que je vais skier sans croiser de village. Notons que je passe à environ 60 km au sud de Kitsisakik, mais je ne vais pas directement croiser cette communauté. Tout ça pour dire que notre territoire est gigantesque. Ce type de territoire très vaste existe très peu dans le monde. Ajoutons à cela qu’on n’est tout de même pas dans le Grand Nord, on est relativement au sud du Québec. Je pense que la grandeur du territoire doit être montrée. Qui plus est, il faut avoir une réflexion sur la protection de ces territoires. Car le jour où ces contrées gigantesques n’existeront plus, nous réaliserons que c’était une richesse.

À titre d’exemple, je vais passer par la rivière Coulonges et la rivière Dumoine. Ces deux voies pagayables sont parmi les plus belles rivières au Canada. D’une certaine façon, en rendant ces territoires accessibles aux yeux des gens, on participe à les protéger. Je veux donc mettre de l’avant la beauté et les richesses de ces lieux ainsi que la mobilité durable. Puis après, il y a l’aspect ludique de créer des souvenirs durables. Je me souviendrai plus longtemps de ce mois en expédition que si j’étais resté à travailler chez moi.
 

TAT : Comment t’organises-tu pour la logistique ? Est-ce que tu traînes tout ton matériel ? 

Guillaume : Pour la première partie du parcours, nous serons autonomes. Je suis accompagné par François Bédard, un ami avec qui j’ai fait plusieurs expéditions et projets de plein air déjà. Après, l’équipe de tournage va venir nous rejoindre et, en même temps, apporter du ravitaillement. Comme on a accès à cette possibilité, on va la prendre ! Il est aussi possible, surtout à la sortie de la réserve faunique de la Vérendrye, que je sois obligé de skier ou même marcher sur le bord de la route. À ce moment-là, je vais tenter de mettre tout ce que je peux dans un sac à dos et dans un traîneau. Ainsi, un peu avant Mont-Laurier et jusqu’à la fin de mon trajet, j’aurai un sac à dos de 60 à 70 livres sur le dos.  

Photo : Dominic McGraw


TAT : C’est quoi ta plus grande peur par rapport à l’expédition?

Guillaume : L’expédition en elle-même ne me stresse pas tant. C’est isolé par moment, oui. Mais ce n’est jamais assez isolé pour qu’une motoneige ou un hélicoptère ne puissent pas venir me chercher. Contrairement à une aventure au milieu de l’île de Baffin ou dans l’Arctique et l’Antarctique, si ça dérape les possibilités d’évacuations sont nombreuses. Je ne serai jamais à plus de 20 km d’une route carrossable. Donc, à ce niveau-là, je ne suis pas trop stressé. Par contre, les deux choses qui me stressent -un stress qui reste relatif- c’est la conciliation des usages. Par exemple, je devrai marcher sur le bord de la route 117. De cette façon, ce sont plus les autres usagers qui me stressent. Cela étant, il y a aussi la condition du trajet. S’il tombe deux pieds de neige, il est possible que la progression tombe de 30 km à 15 ou à 10 km par jour. Ainsi, je serai obligé de forcer beaucoup pour une distance un peu moins intéressante. Finalement, le gros défi sera mental. Mon départ représente le jour 1 de 30. Il ne faut pas que je pense comme ça, mais ça reste un long trajet. C’est comme manger un éléphant, il faut manger une bouchée à la fois!

TAT : C’est comme ton Saint-Jacques-de-Compostelle. Est-ce que tu as déjà fait de la méditation ? Est-ce que tu penses te chicaner avec toi-même ? (rires)

Guillaume : Euhhh… je sais pas. J’ai entendu dire que dans ce genre de contexte on arrive au bout de nos pensées. J’ai l’impression que je vais atteindre ce point-là.  

 

Guillaume est parti en ski de Rouyn-Noranda le 11 février dernier. Son but est de se rendre jusqu’aux studios de Radio-Canada afin de faire sa chronique en personne - si les conditions le permettent- à l’émission Moteur de recherche, animée par Mathieu Dugal. Reste à l’affût pour la suite de cette entrevue. D’autres détails bien intéressants y seront expliqués, comme la saveur de ses futures aventures ainsi que ses attentes en lien avec son arrivée…