Premier contact documenté entre les Européens et les Anicinabek de l’Abitibi-Témiscamingue - 1613
Samuel de Champlain rencontre un chef provenant des pays algonquins de l’Outaouais supérieur qui lui offre une lame de cuivre. Les Autochtones exploitaient quelques-uns des affleurements minéralogiques de cuivre, appelé cuivre natif, à proximité du lac Témiscamingue.
Arraché à même la veine minéralogique qui affleure à la surface, le cuivre natif était battu à chaud, c’est-à-dire qu’on le travaillait au-dessus du feu à l’aide d’outils de pierre, dans le but d’en confectionner des pointes et des lames. Les Anishnabek du nord de l’Outaouais étaient à la tête d’un important réseau d’échange de cette matière première, dont on a retrouvé des produits jusque sur l’actuel territoire américain.
Expédition du Chevalier de Troyes à la baie d’Hudson - 1686
Accompagné d’une centaine d’hommes, le chevalier Pierre de Troyes, un intrépide officier français, remonte en canot la rivière des Outaouais, puis le lac Témiscamingue, avant de franchir le haut des terres, soit la ligne de partage des eaux au nord du lac Opasatica. Il décrit cet endroit comme un « pays de rochers tout rempli de lacs [où] les terres [sont] partout assez belles ».
Une fois sur l’autre bassin versant, l’expédition passe par le lac Abitibi où on laisse le sieur de Gerry et trois hommes dans un fortin qu’on improvise avec des pieux. C’est la naissance du fort Abitibi. On gagne plus tard la baie James par la rivière Moose où l’on ravit successivement trois places aux Anglais.
Riche d’une foule de détails ethnographiques, le journal de l’expédition raconte une passionnante aventure vieille de plus de 300 ans.
Établissement du Fort Témiscamingue à la pointe Obadjiwan - 1720
En 1720, un marchand de fourrures montréalais s’installe sur la pointe Obadjiwan pour ériger un poste de traite. L’endroit est un lieu de rassemblement millénaire pour les Temiskaming.
Gardé en activité jusqu’en 1902, le Fort Témiscamingue est le principal lieu de contact entre les Européens et les Autochtones dans le sud de la région. Il est aussi le lieu d’une intense activité commerciale et diplomatique, ce qui entraînera un métissage des populations eurocanadiennes et autochtones. Les employés du poste, d’origine écossaise en majorité, nouent des liens familiaux avec la bande des Temiskaming, ce dont témoignent aujourd’hui quelques-uns des patronymes les plus couramment portés dans la communauté.
Création de la Réserve indienne de la Tête-du-lac - 1851
Le gouvernement provincial du Bas-Canada délimite plusieurs territoires dans le but d’y sédentariser les autochtones nomades dont les activités de chasse sont impactées par les coupes forestières. Un commissaire suggère d’allouer à la bande des Temiskaming un territoire de 69 000 acres. Ils en obtiennent un peu moins de la moitié.
Le métis anicinabe Angus McBride et son épouse Elisabeth Polsen s’installent à la Tête-du-lac en 1869, à l’emplacement actuel de Notre-Dame-du-Nord, et défrichent des terres qu’ils cultivent. McBride devient le premier agent des Affaires indiennes de la communauté.
Érection de la chapelle Sainte-Clotilde-du-Grand-Lac à la mission oblat du Grand lac Victoria - 1863
Le père sulpicien Louis-Charles Lefebvre de Bellefeuille est le premier à établir une mission régulière au Grand lac Victoria, en plein cœur de l’actuelle réserve faunique La Vérendrye.
Arrivé en 1836, il célèbre le culte catholique dans une chapelle temporaire. On raconte que le chef de bande anicinape de Kitcisakik aurait eu une vision prophétique de la venue des missionnaires. Décidé à leur refuser le droit de s’établir sur leur terre, il aurait déclaré qu’il obtempérerait seulement si les robes noires se montraient capables de planter leur croix dans une pierre sur la rive. On doute que la chose fût faite, mais la mission revint pourtant jusqu’à ce qu’on décide d’ériger une chapelle permanente en 1863.
La chapelle de Kitcisakik est le plus ancien bâtiment religieux du patrimoine bâti abitibien. Magnifiquement orné de statues et d’iconographie ancienne, le lieu compte aussi dans son trésor des livres de prières en Anicinabemowin, qui sont parmi les premiers textes imprimés dans cette langue.
Fondation de Ville-Marie - 1886
Élevé au fond de la baie des Pères sur le lac Témiscamingue, le village de Ville-Marie est d’abord une dépendance agricole de la mission Saint-Claude située juste en face. En 1879, on y récolte les toutes premières gerbes de blé dans la région.
C’est au Frère oblat Joseph Moffet qu’on attribue la paternité de la ville. C’est lui qui ouvre le premier lopin agricole sur une terrasse près du lac.
La publication du rapport du père Paradis en 1884 lance un engouement croissant pour la région. Le père déclare qu’il se trouve, de la baie des Pères jusqu’à la Tête-du-lac, sur toute la rive est du plan d’eau, une bonne dizaine de sites pour établir d’excellentes paroisses agricoles.
En 1888, le flux migratoire s’intensifie et une centaine de familles se dispersent dans les cantons de Guigues et Duhamel. C’est le résultat d’une colonisation dite volontaire, sans assistance publique.
Le SS Meteor sur le lac Témiscamingue - 1888
Construit en 1884 pour le compte de la Société de colonisation, il s’échoue en 1887 devant le fort Témiscamingue avant d’être vendu à une compagnie de transport privée puis entièrement reconstruit sur la pointe Opémican.
Véritable symbole des débuts de la colonisation témiscamienne, le Météor est l’emblème des tout premiers temps. Alors que la région n’est pas encore reliée par le train, les colons sont transportés en grand nombre sur cet engin révolutionnaire. C’est par lui qu’arrivent les visiteurs d’importances, les évêques et les quelques notables de passage. Il est loué fréquemment à différentes organisations sociales qui proposent des excursions de loisir à son bord.
Il est le seul bateau à vapeur à opérer sur le lac entre 1886 et 1899.
Intégration du territoire de l’Abitibi à la Province de Québec - 1898
Avec le gouvernement ontarien qui étend son territoire de façon spectaculaire vers le nord, la province de Québec demande elle aussi aussi l’annexion des anciennes terres de la Compagnie de la Baie d’Hudson situées au-dessus d’elle. C’est Honoré Mercier qui en sera le principal promoteur.
Le territoire de la province y gagne 168 749 km2 d’un coup.
Signature du Traité autochtone n.9 au lac Abitibi par le gouvernement ontarien - 7 juin 1906
Par la signature du Traité n.9, la partie de la bande des Abitibiwinni qui chasse sur le lac Abitibi à l’ouest, cède des droits territoriaux au gouvernement de l’Ontario. C’est la création de la réserve de Wagoshig. Mais le gouvernement du Québec, lui, n’envoie aucun émissaire pour négocier avec la partie de la bande qui nomadise de son côté de la frontière, de sorte qu’aujourd’hui encore le droit québécois sur le sol abitibien est hautement contestable.
Les Abitibiwinnik du Québec, appelés autrefois la bande Abitibi Dominion, s’achèteront eux-mêmes et bien plus tard, avec l’argent donné par l’Ontario, deux lots agricoles au nord d’Amos que l’on renommera Pikogan.
Publication de La colonisation du Témiscamingue par l’abbé Ivanhoé Caron - 1910
En 1909, l’abbé Ivanhoé Caron, originaire du bas du fleuve et curé à Québec, est engagé par le gouvernement fédéral pour devenir agent de recrutement et d’immigration. Il sera l'un des plus ardents propagandistes de la colonisation agricole du Témiscamingue, puis de l’Abitibi.
En 1910, il publie un ouvrage pour vanter les mérites du nouveau territoire. Il en parle comme de l’une « des plus belles régions du Québec » et chante l’éloge ininterrompu de cette « contrée excessivement riche et fertile ».
Deux ans plus tard, après avoir sillonné les campagnes du sud du Québec dans le but d’attirer au nord des colons, il se met lui-même à la tête d’une troupe d’hommes et débarque à Amos. Actif pour la colonisation jusqu’en 1924, il participera à l’établissement de plus de 12 000 habitants dans notre région.