Un rapide coup d’œil sur une image satellite ou sur une bonne carte papier nous le confirme vite : l’eau en Abitibi-Témiscamingue est partout! Nous sommes « cernés » de ruisseaux, de marais, de lacs, de rivières. Les responsables? Les glaciers qui recouvraient encore le Québec et une bonne partie du Canada il y a 10 000 ans à peine. Il en résulte un immense réseau de voies navigables interconnectées, accessibles à tout un chacun. Pour cette raison les amateurices d'eau vive en font leur -immense- terrain de jeux!
Le grand saut dans l'eau vive
En tant que jeune Belge francophone en quête de nouveaux horizons, kayakiste chevronné, géologue à peine diplômé, amateur de frites et de bonnes bières, j’ai le goût de bouger, de découvrir autre chose! Le territoire québécois m’apparaît vite comme une destination de rêve. Rien de moins qu’une nouvelle vie! Dix jours à peine à Montréal, puis direction Val-d’Or, Abitibi. « C’est là que ça s’passe dans le métier », m’a-t-on dit. C’était en mai 2010.
Les premiers pas
Tout se déroule relativement vite ensuite. 2010 est une bonne année. Je trouve du boulot rapidement, mais je ressens vite l’urgence de pratiquer mon sport. Une simple mise en contact téléphonique via Bernard, derrière le comptoir de sa boutique de vélo à Val-d’Or, et me voilà parachuté sur la rivière Kipawa, au Témiscamingue, pour le week-end de la Saint-Jean-Baptiste.
L’endroit est paradisiaque et la rivière absolument exceptionnelle! J’y rencontre une partie de la gang de crinqués d’eau vive de la région. Tommy, Jean-Do, Mathieu, Maxime et Jonathan m’accueillent à bras ouverts et m’équipent entièrement pour l’événement. Je peux même choisir mon kayak!
Un travail et une nouvelle gang de fous de la pagaie : les bases essentielles à mon équilibre et le bonheur immédiat sont rassemblés! Il reste maintenant à m’équiper un minimum. Par souci d’économie et pour voyager léger, j’ai laissé tout mon matériel au pays! Direction le marché de l’occasion.
La découverte du territoire
Ainsi, la découverte de cet immense terrain de jeux s’est poursuivie au rythme des saisons et des destinations professionnelles. Je rencontre assez vite des partenaires d’exception : Simon, Patrick, Maxime et Jérémi, d’Amos tous les quatre. Cela fait presque 10 ans qu’ils pratiquent ce sport dans la région.
À la recherche de paysages variés et de sensations fortes, ce sont principalement les sections à rapides des rivières de la région et de celles un peu plus au nord qui nous intéressent. Partageant la même passion, on devient de fidèles compagnons.
De cette façon, parmi nos principaux lieux de fréquentation, on peut citer de façon non exhaustive;
- les rapides de la Kinojévis à Preissac et Mont-Brun;
- ceux de la Bell proche de Senneterre, Quévillon et Matagami (les deux dernières destinations étant à Eeyou Istchee Baie James);
- les rapides de la rivière Harricana (fleuve en réalité) au nord d’Amos;
- la rivière Bourlamaque à Val-d’Or;
- les rapides de la rivière des Outaouais dans le Nord de la Réserve faunique de La Vérendrye;
- la rivière Kipawa au Témiscamingue;
- la rivière Mégiscane à l’est de Senneterre et bien d’autres…
Il y en a pour tous les niveaux, de débutant à expert.
Particularités de l'Abitibi-Témiscamingue
D’un point de vue général, il est intéressant de mentionner qu’une rivière est un environnement naturel en perpétuel changement. Dépendamment du niveau d’eau, un rapide peut changer du tout au tout. Des vagues à surf imposantes peuvent parfois apparaître à la crue du printemps, dans des sections pourtant relativement paisibles en plein été. Un petit creek généralement non navigable peut aussi se transformer en un magnifique torrent après un gros orage ou quelques jours de pluies intenses. Ce caractère changeant de l’environnement de pratique donne évidemment du piquant au sport d'eau vive (canot et kayak confondus).
Une des particularités marquantes de l'Abitibi-Témiscamingue, probablement plus encore que chez ses voisines du sud, plus densément peuplées, est le caractère relativement sauvage et isolé de ses rivières, peu fréquentées. Mis à part quelques camps de chasse croisés çà et là au fil de l’eau, on se sent généralement seul au monde, dans une quiétude extrême. Les propriétés privées sont rares et les droits d’accès, à l’exception des parcs et réserves, inexistants… du moins pour l’instant!
Évidemment, la situation est encore plus marquante si l’on compare avec l’Europe, la Belgique plus particulièrement, où le simple fait de trouver une berge non aménagée par l’homme est de plus en plus rare!
Le potentiel des rivières à rapides est grand, mais celui des nombreux lacs et paisibles rivières l’est davantage. En effet, les interconnexions qu’ils forment constituent un immense réseau facilement accessible pour la pratique de nombreuses activités récréotouristiques : sports de voile (planche, kite, bateau), kayak de mer, canot, nage et jeux divers... sans parler des sports moteurs!
Finalement, pour insister encore, même si tous ces endroits sont évidemment connus de façon ancestrale par les autochtones de la région qui les fréquentent depuis bien longtemps, l’impression d’être parmi les premiers est toujours bien présente!
Porte d’entrée vers la Baie-James et le Nord-du-Québec
L’Abitibi-Témiscamingue est positionnée de façon particulièrement privilégiée comme « porte d’accès » vers les régions plus au nord et vers leur immense potentiel pour les sports de plein air et d’aventure. Il y a deux étés par exemple, c’est la rivière Broadback, rivière majeure de la Baie-James, que nous avons descendue avec les amis d’Amos (Simon, Patrick et Maxime). Près de 450 km d’expédition en seulement 9 jours. L’accomplissement d’un rêve pour moi. Nous avons choisi le kayak de mer comme embarcation, plus rapide et permettant de limiter les portages en descendant un maximum de rapide.
Les « expéditions découvertes » sont aussi possibles au jour le jour. Basés à Desmaraisville (Waswanipi), nous naviguons chaque semaine avec mon ami Michel, de magnifiques rapides que comportent les rivières du coin. Moins de 200 km au nord de Senneterre, la région regorge également de lacs imposants. En fin de journée, après le travail, le canot-kayak peut aussi devenir un mode de vie.
Les limites de l’imagination
D'ailleurs, je me revois seul dans ma petite tente, sur la plage du club de Canot-camping La Vérendrye, à préparer ma première fin de semaine de canot en Abitibi-Témiscamingue. C’était quelques mois à peine après mon arrivée. Une nuit blanche des plus agitées, riche en projets les plus fous. La vision des innombrables lacs et rivières croisés pendant le trajet et la simple consultation des cartes pour préparer l’itinéraire m'ont fait réellement prendre conscience. Le potentiel de l'Abitibi-Témiscamingue pour les expéditions d'eau vive est immense.
Quatre années ont passé et cette vision demeure intacte, l’excitation toujours aussi grande! L’or d’ici n’est donc pas seulement jaune…Il est aussi bleu!
Aller plus loin et se lancer
Pour mieux partager la passion de l'eau vive avec le public, je me suis décidé de passer les différents brevets nécessaires pour devenir officiellement moniteur de la « Fédération Québécoise de canoë-kayak d’eau vive » (FQCKEV).
Si l’expérience vous intéresse, vous pouvez nous contacter personnellement, ou vous rendre sur la page Facebook « canot-kayak Abitibi-Témiscamingue ». Un tas de liens sur la pratique de ce sport en Abitibi-Témiscamingue s’y trouvent. Il vous permettra aussi d’être en contact avec plusieurs membres déjà inscrits.
Appel à la prudence en eau vive
La pratique du canot-kayak comporte un certain nombre de risques si elle n’est pas exercée de façon prudente et responsable. D'une part, dans les rapides ou sur les lacs, mais en particulier lorsque le vent se lève et que les vagues grossissent. Dans ce cas, des conséquences graves peuvent être associées à un manque d’expérience spécifique à la pratique de ce sport.
Dans cet esprit, ses cheminements de progression officiels (initiations, perfectionnements…) sont proposés à travers tout le Québec par les deux fédérations québécoises actives dans le domaine : la « Fédération Québécoise de Canoë-Kayak d’eau vive » et la « Fédération Québécoise du Canot et du Kayak ». Dépendamment de votre projet, des guides spécialisés peuvent aussi vous accompagner, moyennant une rémunération, évidemment.
À vous de jouer… Lancez-vous donc dans l'eau vive en Abitibi-Témiscamingue, avec prudence et respect de la nature!