« Qui a besoin d’un si gros papier de toilette?! »3 heures plus tard, le soleil annonce la fin de ses activités. Ça n’arrêtera pas les pêcheurs de fêter. Mon beau-frère a taillé des bûches et tout le monde se rassemble autour du feu. En ce qui me concerne, il est malheureusement déjà le temps de quitter. J’ai rendez-vous à Amos pour La Virée légendaire! (À lire au bas de cette page) Ce court laps de temps qui nous sépare de la nuit nous offre la plus belle lumière. De plus, les sentiers reliant Saint-Mathieu-d’Harricana et Amos m’offrent des images à couper le souffle. Dans une heure, je vivrai au rythme des contes qui me guideront plus tard dans mon sommeil… De retour à Saint-Marc-de-Figuery, j’ai des kilomètres dans le casque. Pas question de dormir… j’ai du temps à rattraper avec ma sœur et mon beau-frère chez qui je loge. J’en profite pour ouvrir ma gourde remplie de scotch que j’ai trimbalée tout ce temps dans la soute à bagage (je n’y ai pas touché de la journée). Au même titre que mon sac de chips qui est en miettes, la bouteille est quasiment démolie. La bonne nouvelle : son contenu est glacial! J’enfile donc des vêtements secs et on s’assoit devant la télé. On rit en masse devant l’œuvre de Steven Siegel (dans son propre rôle, dans tous ses films). Je l’échappe un peu… Dimanche matin, je m’étais promis de quitter aux petites heures pour profiter de la lumière. Il est déjà 8 h 30! Je souhaite une bonne journée à mes hôtes et reprends la route. Il fait un gros -20 degrés et beau soleil. Un petit détour à Amos pour faire le plein et puis, hop! Je file à nouveau vers le lac des Hauteurs. Juste avant de reprendre le chemin de Preissac, je prends quelques minutes pour monter/descendre l’esker et profiter de la vue qui donne sur Rivière-Héva. Arrivé à Preissac, je sais le trajet (et le temps) qui me reste à parcourir, je m’arrête près des rapides pour prendre quelques clichés. La nuit dernière a été courte!! Je pense que je pourrais délaisser mes porte-bagages et simplement cacher mon stock derrière mes paupières… En route vers Mont-Brun, les coupes forestières ont laissé des amas d’arbres formant de grosses buttes de neige aux abords des sentiers. Vouloir filmer une scène de Star Wars, je débarquerais ici. Vous les verrez sans doute dans les images que j’ai filmées. Dans le village de Cléricy, je fais la rencontre de Claude et Bernard Parent. Je fais un bout de chemin avec eux. Un peu plus tard, on s’arrête… mes batteries de caméra sont à plat. De son côté, Claude doit rendre la motoneige neuve à Bernard (et vice-versa). C’est à ce moment que les deux frères me racontent leurs origines. Leurs parents ont migré en Abitibi-Témiscamingue à l’époque où la région était encore à ses balbutiements. C’était la crise à Montréal : « La misère noire » comme dit si bien Claude. Personnellement, j’ai beau être en Abitibi-Témiscamingue depuis longtemps. Je suis drôlement étonné d’apprendre qu’à une génération près, des hommes et des femmes sont venus ici pour défricher leurs terres dans le secteur Mont-Brun. C’était en 1935. Le village a été fondé en 1936. Leur père, 18 ans, est arrivé avec d’autres hommes pour construire les cabanes. Sa femme, 17 ans, est venue le rejoindre l’automne suivant avec leur premier enfant. Il s’en est passé des choses en 100 ans! On en est loin de là aujourd’hui... Quoi qu’il en soit, cette rencontre m’aura marquée. J’aurais aimé tomber sur les deux frères au début de mon périple. Je sens qu’ils en avaient encore long à me dire… Malgré tout, Bernard doit partir et je dois aussi rentrer. Avec Claude, on convient donc de se suivre encore pour un bout jusqu’à Rouyn-Noranda. On se dit au revoir à la hauteur du Lac Rouyn. À l’horizon, de nombreuses cabanes à pêche sont étalées sur le lac. Les marcheurs prennent un bain de soleil. Ça grouille de monde en ville. Pendant mon trajet, la température a eu le temps de grimper d’un cran. Il fait -5 degrés. Mon compteur affiche 450 kilomètres (sans bavure). Je suis fier de moi. Je feel le parfait bonheur tout au long de mon dernier tour de ville. Je salue les gens de la main et je ris une dernière fois avec les patrouilleurs. Il s’en est passé des choses en 2 jours! Cela dit, la fin de semaine n’est pas encore terminée… Je me suis ennuyé de mon chien, on va aller marcher au grand air lui et moi. Cliquez ici pour lire mon billet sur la Virée légendaire Visionnez ma randonnée de motoneige en vidéo
450 km de motoneige dans le casque
On est le samedi 7 mars 2015, au lendemain de mon anniversaire (voilà, vous savez), il est 10 h. Je me lève. Je réunis bottes, mitaines, casque et sacs à bagages pour entreprendre la plus longue randonnée de ma vie à motoneige.
J’ai rendez-vous avec une gang pour un après-midi de pêche sur la glace... Quelques jours auparavant, j’eue pris soin d’informer mon entourage de mon projet : partir de chez-nous (Rouyn-Noranda) pour rejoindre la gang de Saint-Marc-de-Figuery. À chaque fois, la même réponse : « Ok, faque tu vas débarquer ta motoneige où, à Amos ou à St-Mathieu-d’Harricana?? ». Moi : « Nenon… je pars de Rouyn-Noranda en Ski-Doo! »
J’ai essayé de convaincre ma blonde de m’accompagner. Cela dit, j’avoue que je n’étais en rien convaincant dans ma façon de la rassurer sur le trajet :
« Tu sais où t’en aller? Par où passer? »,
Moi : « À peu près…! ».
Ça va faire bientôt 7 ans qu’on est ensemble et elle ne m’a vu qu’une fois en motoneige. En auto, j’ai la réputation du gars qui gère mal l’essence. Au moment où je tente de la convaincre de m’accompagner j’ai conscience qu’elle doute de mes compétences… et j’en ai même pas la certitude moi-même!
Entre confiance en soi et témérité, la ligne est mince dans mon cas. Rouyn-Noranda - Amos, aller-retour, c’est beaucoup pour un débutant et comme c’est une première en ce qui me concerne, je suis aussi d’accord pour faire cavalier seul.
Cela dit, il fait un beau - 7 degrés Celcius et je suis assez préparé à mon goût... Je me suis assuré d’avoir des vêtements chauds et un lunch pour la route. J’ai jeté un coup d’œil à mon trajet et tout semble ok. Pour le reste, je fais confiance à la signalisation. À 11 h 15, « j’attaque » les sentiers!
Les pistes sont super belles, la journée s’annonce bien. Je quitte donc le sentier du Tour de l’île et prend la 83 Nord en direction de Cléricy. Un peu soucieux de mon attirail, je tente de garder les yeux sur la route...
Il y a un bail que je n’ai pas conduit une motoneige. Je vais essayer de ne pas me planter avec la motoneige du bureau dans le simple but de justement filmer! Vaut mieux arrêter pour prendre un selfie avec les joues ben écrasées.
Cléricy porte bien son nom… Sans mauvais jeu de mot… : fait clair ici! La lumière blanche allume le ciel grisaillant m’offrant une vue perspective particulièrement dramatique.
Je quitte les collines pour m’enfoncer dans la forêt avec le plus grand plaisir. Les pistes se resserrent et les arbres se referment pour me donner une grosse caresse de bienvenue.
Plusieurs tours de guet ornent les sentiers. Il semble que de nombreux chasseurs se déplacent dans le coin pour chasser l’orignal. Être certain de ne pas être en retard à la pêche, je m’arrêterais pour grimper dans chacune d’elles.
Arrivé à Preissac, je mets de l’essence vite fait et reprends la route jusqu’à la jonction des sentiers 83 et 307. À ce moment précis, je m’éclate à la vue des millions de flocons qui sont projetés vers moi. On jurerait qu’on est dans un film de science-fiction… à vitesse « grand V ». Et pourtant, ce n’est pas comme si je roulais ben vite!
Je parcours une partie de l’esker à proximité du lac des Hauteurs, un de mes coins chouchous de l’Abitibi-Témiscamingue. Passé Saint-Mathieu-d’Harricana, je prends un embranchement vers l’Est qui me mènera à la base plein-air du lac Figuery sur la rivière Harricana. Plusieurs cabanes à pêche sont étalées dans le secteur. Avec prudence, je rejoins la gang qui m’attends de l’autre côté de la rive. Ma famille et des amis sont sur place, tous réunis pour l’anniversaire de mon beau-frère. Je le jalouse un peu…
Après seulement quelques minutes, mon neveu Alexandre a déjà sa première prise.
[caption id="attachment_2738" align="alignnone" width="600"] Jade, Alexandre et le petit Luis avec leur petit brochet[/caption]
Durant les premières minutes, je surveille les lignes du coin de l’œil, puis la pêche passive prend le dessus. Je nargue le beau-frère. Les fenêtres de sa cabane à pêche sont plus neuves que celles de ma maison! À l’intérieur, j’ai du fun avec ma nièce :