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« Ma vie est et a toujours été mouvementée. » - Valérie Côté.

Elle continue : « Un de mes fils me demande souvent pourquoi je n’ai pas UNE job de 9 à 5 parce que ça serait moins compliqué... Je sais pas... »

Née à Amos le 20 août 1979, Valérie Côté est née d’une femme bouchère et d’un homme de bois. Son père était parti à la semaine, puisqu’il travaillait comme bûcheron, trappeur et chasseur. Les parents de Valérie se sont séparés alors qu’elle n’avait que deux ans. C’est alors que sa mère a choisi d’aménager à Rouyn-Noranda pour son retour aux études en travail social. La jeune fille a continué de voir son père à raison d’une à deux fois par mois. Elle avait 7 ans quand elle est revenue à Amos avec sa mère qui venait d’être embauchée dans son domaine.

« Mon primaire a été assez difficile. J’ai déménagé souvent et j’avais de la difficulté à me faire un nouveau réseau à chaque année. », raconte Valérie.

C’est en 5e année qu’elle a réalisé combien elle aimait être sur scène alors qu’elle participait à un spectacle à l’école : « Je me souviens avoir fait un lipsync sur Touch Me de Samantha Fox… mon prof était pas mal wild… ».

De 8 à 15 ans, Valérie a suivi des leçons de piano : « Je trouvais ça ben plate. Ma prof était pas mal classique… Pourtant, avec les difficultés que je vivais, mon piano c’était ma bouée. » Avec les sous de son héritage, la mère de Valérie a donc choisi de lui acheter son propre piano. Bien consciente de la chance qu’elle avait, Valérie s’enfermait seule dans une pièce de la maison pour « gueuler et piocher sur la bête », comme elle dit si bien. Dans cette salle, se trouvait également un tourne-disque ainsi qu’un vinyle qui a littéralement marqué l’enfance de Valérie, La mélodie du bonheur : « J’ai développé mon oreille et fait du solfège quotidiennement avec la famille von Trapp! Encore aujourd’hui, je chante avec ma fille Rose et danse sur ces airs qui me rendent toujours souriante! Plus tard, les disques d’Offenbach et Corbeau ont marqués l’adolescence de la jeune femme. Elle a d’ailleurs appris quelques pièces de Gerry Boulet au piano : « J’ai chanté ma vie avec eux! Ils ont été témoins de mes multiples peines d’amours et de mes remises en question existentielles. », témoigne Valérie.

Au secondaire, elle a fait partie de l’harmonie, ce qui l’a amené à faire partie d’un orchestre et faire des spectacles. Elle a aussi chanté et animé des soirées devant toute l’école à quelques reprises. Elle adorait ça : « Ça a été le début de quelque chose... je me suis rendu compte que j’avais le sens du rythme, une bonne voix, que j’étais drôle et surtout que j’étais rarement prise au dépourvu. »

Après le secondaire et le collège, Valérie ne savait toujours pas ce qu’elle voulait faire comme métier : « Pour moi une job, c’était secondaire... J’avais pas envie de me poser de questions. Alors, j’ai fait comme plusieurs… j’ai fait comme ma mère : je suis allé à l’UQAT en travail social. » Pendant ses pratiques en intervention, Valérie a joué le rôle du client et s’est amusée à donner de la difficulté à ses collègues de classe. Tout le monde s’accordait pour dire qu’elle était douée pour ça. Puis un jour, elle a pris son courage à deux mains et a choisi d’envoyer une demande au Conservatoire de musique et d’art dramatique.

Elle était enceinte de son premier garçon quand elle a reçu l’invitation aux auditions. C’était un rendez-vous raté pour Valérie qui choisit plutôt de terminer son bac, élever sa famille et acheter une maison avec son conjoint de l’époque : « Je suis devenue monoparentale assez rapidement […] Deux des qualités que je me reconnais sont la polyvalence et la capacité à m’adapter à presque tout. Je me revire de bord sur un 10 cents pas mal facilement. », explique Valérie.

Pour elle, le temps libre était vraiment rare à l’époque. Malgré tout, en 2003, elle eut la chance de rencontrer Véronique Filion et Bruno Turcotte qui eurent eu la douce folie de démarrer une ligue d’improvisation théâtrale à Amos : « J’étais de la première édition et j’y suis resté pendant 7 ans. J’ai fait partie de la ligue régionale et je courais les occasions de faire de l’impro. J’adore ça encore aujourd’hui! »

Depuis 3 ans, elle joue le rôle d’arbitre dans Lalibaba. Olka, son personnage, est une véritable dictature : « Je suis exigeante… Quand le jeu est encadré, les joueurs apprennent à se dépasser et ils offrent un spectacle de qualité. Je donne beaucoup de pénalités mais ça fait partie du show. Olka aime lorsque les joueurs s’écoutent et avancent rapidement dans l’histoire. » Valérie a aussi coaché l’impro au secondaire et a offert des formations : « L’impro aide à s’exprimer, à mettre sa timidité de côté, à se connaître. C’est un merveilleux outil de développement personnel. », ajoute-t-elle.

En 2008, Valérie a rencontré Sébastien, un clown, autodidacte, original, avec qui elle a eu deux filles. Ensemble, ils ont rassemblé leurs forces pour fonder les Productions Côté-Vivand. Elle eut la chance de suivre une formation en théâtre d’intervention : un mélange de théâtre, d’intervention, d’impro et de musique. Bref, le meilleur des deux mondes pour Valérie : « On se rassemble autour d’un thème, parfois léger, mais parfois difficile, comme : le racisme, l’intimidation, le féminisme… Les gens sont amenés à nous raconter une parcelle de leur vie en lien avec le sujet. », explique Valérie, qui se souvient être sortie émue de l’expérience. Elle avait enfin trouvé ce qu’elle était venue faire sur terre... En 2010, Valérie a été choisie pour jouer Albertine dans la pièce La folle Odyssée de Bernadette créée par les Productions du Raccourci. Ce fût une expérience fantastique pour elle qui apprécie énormément le théâtre.

Après plus de 10 ans au CLSC, Valérie a décidé de quitter ses fonctions pour aller enseigner au Cégep en travail social. Cette période fut marquée par la naissance de ses deux magnifiques filles. Après son dernier congé maternité, elle a voulu essayer de travailler dans un bistro pour faire changement : « J’ai toujours eu deux emplois, voire trois.  De 9 à 5 une "vraie job", comme disent certains, pis le soir, je m’occupais de Côté-Vivand… Maintenant, je dois laisser mon emploi de serveuse parce que je suis rendue avec trop de contrats en animation et théâtre. » L’expérience Côté-Vivand ayant pris fin après 9 belles années, Valérie fait désormais cavalier seul. Elle offre des ateliers de théâtre aux jeunes de l’École alternative Harricana et au Centre d’amitié autochtones de Val-d’Or.

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Dès ce printemps, Valérie va passer pas mal de temps à Rouyn-Noranda puisqu’elle se passionne pour un nouveau projet avec le Théâtre du Tandem. Cet été, elle sera en charge de la ballade théâtrale en Rabaska pour H2O le Festival, à Amos. Les festivals de musique sont les moments qu’elle se garde pour profiter de ses vacances. Même si le manque de temps l’amène à rêver de pouvoir se remettre à la musique, Valérie apprécie quand même la vie qu’elle mène : « Quatre enfants, 3-4 jobs... c’est ma vie, elle est bien remplie, pis je l’aime ben! », s’exclame-t-elle.

Parce qu’elle est une femme authentique, passionnée par les arts et la création, parce qu’elle un modèle d’autonomie et de dévouement, nous sommes heureux de compter Valérie Côté parmi les Gens de l’Abitibi-Témiscamingue!


Crédit photo (couverture) : Charles Roussel