Pourquoi est-ce qu’avec les médias de masse, lorsqu’il y a une vague de froid en Abitibi-Témiscamingue, on fait la une alors que lorsqu’il fait tempête partout ailleurs, on nous oublie? Normal après qu’une image de froid austère nous colle à la peau. J’ai parfois l’impression que dans la pensée populaire, nous survivons à l’hiver alors que l’on sait en profiter en masse.
Ici c’est; le royaume de la motoneige, des sentiers de raquette qui donnent, à toute rétine fatiguée des visions cathodiques, une overdose d’espace, des sentiers de ski de fond qui longent nos plans d’eau gelés, 22 000 cours d’eau, autant d’endroits où s’adonner à une séance de patinage féérique ou à une partie de hockey amicale, des randonnées en traîneau à chien, une incroyable odyssée dans la forêt boréale, etc. Le camping d’hiver, n’est-ce pas une aventure incroyable? Dans une tente, un igloo, un tipi ou une yourte, à la chaleur du feu… et si vous êtes chanceux, les aurores boréales sont à vous. Les joues roses, un ciel orangé, des habits multicolores, non, l’hiver n’est pas en noir et blanc en Abitibi-Témiscamingue.
Nous célébrons l’hiver avec ferveur (Fête d’hiver de Rouyn-Noranda, La Sarre en neige, Carnaval d’hiver de Lorrainville, Magie des neiges d’Amos, Hiver en fête de Val-d’Or, Festival du poisson d’Angliers, la Fête d’hiver de Guérin, Carnaval d’hiver de Dupuy, etc.) Reste du Québec, non nous n’hibernons pas l’hiver.
Nous vivons dans une région nordique, bien sûr qu’il fait froid, mais est-ce que l’écart de température avec les grands centres est aussi drastique qu’on nous le laisse croire? J’entends souvent des phrases du genre : « Il me semble que -30 degrés en Abitibi-Témiscamingue, c’est moins froid que -15 degrés des régions du sud de la province ». J’ai fait mes études à Montréal et à Ottawa, je partageais un peu cette idée. Il doit bien y avoir une explication scientifique à cette « impression »?
J’ai décidé d’appeler André Cantin, météorologue à Environnement Canada, pour en avoir le cœur net. Selon lui, deux mots expliquent ce phénomène : humidité et vent. À - 30 ou - 35, il n’y a presque pas d’humidité, ni de vent. Ce qui fait en sorte qu’il est plus facile de se protéger du froid. La température nous semble plus tolérable. À - 15, il y a plus d’humidité dans l’air (dans les régions situées au bord du St-Laurent, il y a déjà plus d’humidité), elle se faufile parfois à travers nos vêtements pour nous faire grelotter. Il y a aussi plus de vent, ce qui nous glace le visage. Alors, si une température de - 15 est insupportable pour nos voisins, imaginez ce qu’ils pensent lorsqu’on leur parle de température allant jusqu’à - 35 au canal météo. Normal qu’on nous prennent pour des survivants. Précisons tout de même que ça n'arrive que quelques matins par hiver. Et comme dirait mon ami Stéphane, quand on est chaleureux, on peut en prendre pas mal des journées froides ;).
Remettons maintenant les choses en perspective. À ceux qui me demandent comment on fait pour passer à travers une journée où le mercure affiche - 30 degrés… bien… on s’habille, c’est tout. Lorsque j’étais ado et que les tuques et mitaines étaient complètement dépassées, et que je maugréais un peu, ma mère me répétait « Il n’y a pas de mauvaise température, que de mauvais vêtements »! Ça m’amuse aujourd’hui de dire qu’elle avait raison. À vos tuques, mitaines, foulard, manteau, « suit», bottes de poils!!!! Bon hiver!!!!!!