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Marie-Frédérique Frigon, maître dans l’art de raconter

Un bel après-midi de vacances, vous profitez du soleil resplendissant et de votre séjour en Abitibi-Témiscamingue pour vous promener en forêt. Le vent caressant doucement votre visage, vous déambuler dans le sentier, à l’affût des animaux qui s’y trouvent. Quelques tamias rayés vous observent, une perdrix flâne naïvement le long du chemin et un oiseau s’enfuit du buisson, dans un bruissement d’ailes et de feuilles, vers la plage qui se dresse devant vous.

Vous débouchez du sentier et êtes accueillis par un énergique : « Salut! ». Vous vous apercevez qu’il provient d’une belle et grande jeune fille, le sourire fendu jusqu’aux oreilles. Il s’agit de Marie-Frédérique Frigon. Dans ses bras, elle tient avec précaution une petite couverture. À l’intérieur, se trouve un corbeau blessé qu’elle vient tout juste de trouver. En quelques instants, vous apprenez que Marie-Frédérique est non seulement passionnée par les animaux, mais qu’elle travaille au Refuge Pageau, un centre de réhabilitation pour les animaux sauvages qui se trouve à Amos.

Marie-Frédérique Frigon
Marie-Frédérique Frigon - Photo : Christian Leduc

Vous l’écoutez parler de ce qui a probablement causé la blessure de l’animal et des erreurs qui pourraient être évitées et vous vous dites qu’elle possède bien l’art de raconter, mais surtout, qu’elle peut en quelques instants vous partager son attachement envers les animaux.

Peu à peu, vous arrivez à en savoir un peu plus sur cette fascinante jeune fille qui semble si facilement entrer en contact avec la faune. « Pendant mes études en design industriel, j’ai travaillé l’été au Refuge pour me sauver de la ville, de Montréal, pour revenir aux sources en Abitibi, vous explique-t-elle. De fil en aiguille, je suis revenue après mes études.» Comme vous semblez surpris par la grande différence entre ces choix de carrière, elle poursuit : « Si on remonte à plus loin que mes études, dans mon enfance, j’ai toujours rêvé d’être vétérinaire. J’ai grandi à Amos et mon papa était un ami de Michel Pageau et on lui rendait visite aussi parfois à la maison. Moi, je ne m’en souviens pas, mais la famille me raconte que quand j’y allais, je me cachais parce que je ne voulais pas retourner chez nous. C’était bien plus cool là-bas, il y avait plein d’animaux. » Le design doit quand même un peu lui manquer, lui demandez-vous ? « Parallèlement à mon travail ici, répond-t-elle, je décroche ici et là des petits contrats de design graphique. Au Refuge aussi, quand on a des projets de réfection de bâtiment ou d’affichage, je mets mon grain de sel. C’est le meilleur des deux mondes. »

Vous la regardez interagir avec l’animal et vous constatez à quel point cela semble facile pour elle.  Avec la modestie qui lui est bien caractéristique, elle se justifie : « Je suis chanceuse, je l’ai facile avec les animaux, on se comprend bien. Y’a des gens qui connectent mieux parfois avec les carnivores et d’autres avec les herbivores. De mon côté, je connecte aussi bien avec les orignaux qu’avec les loups ou les castors. Souvent, les gens me demandent si j’ai un chouchou, mais non, je ne peux vraiment pas choisir. Ils ont vraiment tous un petit quelque chose de particulier et sont des individus à part entière. »

On vous avait souvent parlé du Refuge Pageau depuis que vous êtes en Abitibi-Témiscamingue. Chaque fois, vous déceliez dans la voix de celui ou de celle qui vous en parlait, une pointe de fierté, comme si cet endroit était bien plus qu’un refuge pour animaux ou un site touristique; comme si ce lieu avait, dans le cœur des Témiscabitibiens, une place toute spéciale, que vous n’arriviez pas à décrire. Dans la voix de Marie-Frédérique, cet attachement est encore plus présent. « C’est un monument en Abitibi-Témiscamingue, dit Marie-Frédérique. Au niveau touristique, il a joué un grand rôle et même au niveau du bien-être des animaux sauvages au Québec, c’est probablement un des précurseurs. Michel Pageau, c’est un monsieur qui a fait énormément pour la région et pour la faune et sans vraiment savoir ce qu’il allait faire. Il est allé d’instinct, il a fait ce qu’il pensait et je ne crois pas qu’il avait une idée des répercussions que ça aurait. C’est au-delà de nos frontières, on rayonne grâce au Refuge aussi en Europe, c’est un vrai monument. »

Cependant, avant d’être un lieu touristique, le Refuge Pageau est un havre pour les animaux blessés, un lieu où ils peuvent être soignés avant de retourner dans la forêt. Selon Marie-Frédérique, c’est plus qu’une simple expérience que les gens viennent chercher au Refuge : « Pour nous, dans un monde idéal, le visiteur vient pour s’émerveiller, mais aussi pour apprendre et éviter de reproduire les erreurs qui font qu’on a des animaux qui arrivent chaque année par centaine. »

En vous faisant son au revoir et vous souhaitant un agréable séjour en Abitibi-Témiscamingue, elle complète en disant : « Prenez le temps d’en profiter! Si vous n’avez pas le temps de tout faire la première fois, vous reviendrez, c’est pas grave. On a énormément de choses à offrir et quand les gens se pressent pour voir les choses, c’est dommage. » Elle vous invite donc à décrocher complètement et quand vous lui demandez ce qu’elle fait elle-même pour y parvenir, elle rit aussitôt et s’exclame : « J’ai tellement un beau travail, c’est pas nécessaire de décrocher! Juste flâner au Refuge et aller voir les animaux, c’est une belle manière de le faire. Sinon, l’Abitibi-Témiscamingue, c’est le bois partout. C’est facile d’aller parler aux épinettes et d’oublier tout le reste! »

Le sourire radieux de Marie-Frédérique en tête, vous repartez en vous promettant de bien prendre le temps de profiter de votre séjour.

Marie-Frédérique Frigon
Marie-Frédérique Frigon, maître dans l'art de parler aux animaux - Photo : Christian Leduc

Les coups de cœur de Marie-Frédérique en Abitibi-Témiscamingue :

- Le Refuge Pageau (« ben oui, j'suis vendue... Mais je l'aime sincèrement cet endroit-là! »);

- Le ciel (ici, on en a des étoiles!! »);

- Le 4e pont dans le « P'tit Nord » (« C'est comme ça qu'on appelle le secteur forestier au nord de St-Dominique-du-Rosaire »);

- Le lac des Daltons;

- L'ancienne pente de ski au Lac Gauvin;

- Chicobi (« le Camp-école et le lac! »);

- Le choco-miel de la Miellerie de la Grande Ourse!