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PIISIM NAPEU : Un premier roman pour Georges Pisimopeo

Un article de Gabrielle Izaguirré-Falardeau, en partenariat avec L'Indice Bohémien

Alors que la rentrée littéraire bat son plein au Québec, la littérature d’ici continue de s’enrichir des langues, des récits et de la parole des peuples autochtones avec lesquels nous partageons le territoire. Paru le 25 septembre aux Éditions Hannenorak, qui se consacrent à la publication d’autrices et d’auteurs issus des Premières Nations, Piisim Napeu est le premier roman de l'auteur Georges Pisimopeo. Une œuvre courte, mais poignante, dans laquelle l’auteur témoigne de son récit personnel avec tout ce que celui-ci comprend de douleur, d’injustice, de beauté et d’espoir.

La genèse de Piisim Napeu

Né dans la forêt abitibienne, d’une mère crie et d’un père métissé, Georges Pisimopeo a été élevé dans la tradition crie, mais a effectué son parcours scolaire primaire et secondaire à Senneterre, auprès des Blancs. Il affirme s’être toujours senti déchiré par son double héritage culturel, une dualité omniprésente dans le roman, où le protagoniste est constamment rappelé auprès de sa communauté, quitte à laisser sa famille derrière lui pour renouer avec sa culture et redonner à ses frères et sœurs cris.

La couverture du roman Piisim Napeu, de Georges Pisimopeo, un auteur autochtone, représente une femme assise. Elle porte une longue jupe fleurit et l'image est dans les teintes de jaune ocre.

D'ailleurs, une grande partie des dialogues et des titres sont rédigés dans la langue maternelle de l’auteur : « Ça permet de rendre la langue vivante, mais c’est aussi une confirmation de mon identité. Je ne me suis jamais senti Québécois; inclure ma langue dans mon œuvre, c’est aussi une façon de m’identifier comme auteur cri », explique-t-il.

Une plume mesurée et poétique

La série de courts textes qui forment Pissim Napeu est le fruit d’une plume sobre, mesurée, juste et poétique, qui laisse parler d’elle-même la grandeur de ce qu’elle décrit. Si plusieurs scènes s’avèrent lumineuses, le parcours de Georges Pisimopeo s’ancre dans un passé traumatique marqué par l’inceste, la dépression, les ravages de l’alcoolisme et l’héritage (ou faudrait-il dire le fardeau) du colonialisme.

Georges Pisimopeo, un auteur autochtone, est assis sur une chaise, il poste une chemise noire et un jeans. Il regarde l'objectif d'un air sérieux et calme.
Georges Pisimopeo - Photo : Katya Konioukhova

Pour l’auteur de Piisim Napeu, il s’agissait d’une prise de parole libératrice, mais difficile : « Ça n’a pas été facile d’écrire ça, d’être ramené dans les moments de souffrance, se souvenir de toutes les secondes, les minutes. C’était une charge émotive difficile à porter », exprime-t-il.

Un hommage à la culture crie

Malgré tout, le texte représente un véritable hommage à la culture crie ainsi qu’à sa mère Planshish, dont la présence agit comme un fil conducteur au gré des pages. À travers les parties de chasse, la cuisine du gibier, les savoirs traditionnels, dans la tendresse et la reconnaissance de l’auteur envers les êtres chers qui lui ont « permis de survivre », on trouve surtout la trace d’une grande résilience et d’un riche bagage existentiel.

« J’ai eu des moments heureux, très heureux », me confie-t-il en faisant référence à l’espoir qui émane de son œuvre, particulièrement lorsqu’il est question de ses enfants et de leur mère Lucie. Cette dernière, également autrice, a d’ailleurs joué un rôle important de soutien et de conseil dans le processus d’écriture de Georges.

«  J’ai appris le pardon; le pardon est tellement réparateur. J’ai compris qu’il fallait d’abord se pardonner à soi-même pour pardonner aux autres. »

Georges Pisimapeo

En somme, à l’instar de nombreuses œuvres parues dans les dernières années, celle de l'auteur Georges Pisimopeo représente une précieuse ouverture sur la réalité des autochtone et son histoire. Pour l’auteur, cette publication éprouvante, mais réparatrice, est aussi, voire surtout, un acte de réconciliation avec le passé : « J’ai appris le pardon; le pardon est tellement réparateur. J’ai compris qu’il fallait d’abord se pardonner à soi-même pour pardonner aux autres », conclut-il avec sagesse.

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