GABRIELLE IZAGUIRRÉ-FALARDEAU, EN PARTENARIAT AVEC L'Indice bohémien
Depuis 2023, l’œuvre Danseprophétiqueàl’îlebizarre évolue dans l’univers du duo Geneviève Matthieu, qui l’a portée à travers plusieurs résidences de recherche et de performances artistiques au Québec et en France. Appel au rassemblement et au rituel collectif, invitation à l’entraînement et à l’anticipation, le projet sera présenté pour la première fois sous forme d’exposition au Musée d’art de Rouyn-Noranda (MA), du 21 mars au 18 mai prochain, avec la complicité de la commissaire Ji-Yoon Han.
Provoquer la rencontre
Alors que Geneviève Matthieu nous présente habituellement un univers performatif imprégné des codes de la scène, du mouvement, de la musique et de la théâtralité, l’idée d’une exposition muséale vient piquer la curiosité. Il s’agit pourtant d’une proposition parfaitement en harmonie avec la fluidité du projet et les coutumes du duo, qui a toujours mis la rencontre humaine et interdisciplinaire au cœur de sa démarche. Ji-Yoon, qui a accompagné les artistes dans ce passage vers l’exposition, explique qu’« [i]ls sont toujours dans cette démarche de créer des liens, des ponts entre l’art et la vie, entre les disciplines. C’est dans cette idée de dialogue et d’échange qu’on a commencé à travailler ensemble. »
« On se demande comment danser malgré tout, comment s’entraîner ensemble à avoir des visions, à anticiper, mais aussi à accueillir l’imprévu. »
Ji-Yoon, commissaire de l'exposition Danseprophétiqueàl’îlebizarre
Une réunion à la croisée des chemins
Pour Ji-Yoon, Danseprophétiqueàl’îlebizarre traite avant tout de la métamorphose. Fortement ancrée dans la réalité post-pandémique et ses bouleversements, l’œuvre pose la question de la transition. Elle transporte le public et Geneviève Matthieu à la croisée des chemins pour les confronter à la possibilité d’une transformation :
« Comment envisager la fin – d’une époque, du monde, de la vie? Comment la fin peut-elle aussi être un devenir? Le titre de l’œuvre, présenté en un seul mot, vient aussi traduire l’idée de la réunion, de la liaison et de la mutation. On se demande comment danser malgré tout, comment s’entraîner ensemble à avoir des visions, à anticiper, mais aussi à accueillir l’imprévu. »


La notion d’entraînement se trouve d’ailleurs au centre de la proposition de cette exposition de Geneviève Matthieu, qui font directement référence, dans leur performance, à l’exercice physique et aux objets qui y sont liés.
Malgré l’absence des artistes, l’exposition promet une plongée complète dans leur monde et son foisonnement. « Geneviève et Matthieu sont très exigeants sur la composante “arts visuels”, donc l’expo ne part pas de rien, le matériau est déjà très riche », souligne la commissaire Ji-Yoon. Conçue spécifiquement pour l’espace d’exposition du MA, Danseprophétiqueàl’îlebizarre réunit ainsi une variété d’objets, de sculptures, d’éléments visuels et scéniques, de musique et de poésie, et invite le public à évoluer sous le regard de deux personnages que sont le Fantôme et l’Observateur. Ji-Yoon se garde de trop en révéler sur l’installation et sa trame narrative.
De toute façon, « l’expo n’a jamais été pensée comme un point final, mais plutôt comme un moment de cristallisation. D’ailleurs cette exposition est une invitation vers un autre monde, vers cette “îlebizarre”, peut-être, qui ne cesse d’évoluer », suggère-t-elle.
« L’expo n’a jamais été pensée comme un point final, mais plutôt comme un moment de cristallisation. D’ailleurs cette exposition est une invitation vers un autre monde, vers cette “îlebizarre”, peut-être, qui ne cesse d’évoluer. »
Ji-Yoon, commissaire de l'exposition Danseprophétiqueàl’îlebizarre
Poursuivre la métamorphose
Le 4 février dernier, Matthieu Dumont est décédé des suites d’un cancer fulgurant. Malgré tout, Danseprophétiqueàl’îlebizarre est irrévocablement le fruit d’un travail commun entre Geneviève et lui, et tous deux ont tenu au maintien de l’exposition. Ji-Yoon souligne : « C’est un projet qui parle de prophétie et c’est d’autant plus important qu’il ait lieu, en fait. Il y a un sens bouleversant, mais puissant dans le fait que l’expo ait lieu là, maintenant, à Rouyn, avec ce projet en particulier, qui est aussi une affirmation de la vie. Il faut vivre, il faut créer, continuer la transformation et la métamorphose. »
Rendez-vous au Musée d’art de Rouyn-Noranda (MA), du 21 mars au 18 mai prochain, pour célébrer cette exposition de Geneviève Matthieu.
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