L’UNESCO a déclaré 2022 comme la première année de la Décennie internationale des langues autochtones, qui devrait se dessiner en actions afin de mettre en lumière les langues des Premières nations, des Métis et des Inuits, et par le fait même, les faire rayonner. Les enjeux liés à ces langues sont grands et importants. « Les événements passés ont nui considérablement à la vitalité des langues autochtones au Canada. Il s’agit notamment du système des pensionnats, dans lesquels on a interdit à des générations d’enfants autochtones de parler leur langue maternelle autochtone [1]». Nin a été pensée, créée et mise sur pied par des artistes anicinabek grâce à l’organisme Minwashin. Le sujet de l’exposition est, vous l’aurez deviné, la langue anicinabe, soit l’anicinabemowin. Le but? La rendre accessible et visible.
La visite de l’exposition NIN permet un contact privilégié avec la culture anicinabe. Tourisme Abitibi-Témiscamingue a tenté l’expérience immersive, en plus d’avoir rencontré Richard Kistabish, président de Minwashin, afin d’en savoir davantage sur cette expérience.
Une langue encore en vie
NIN est une exposition itinérante qui a d’abord été lancée dans les locaux de l’UNESCO, à Paris, au mois d’avril dernier. Puis, revenue en Abitibi-Témiscamingue, elle a voyagé dans les communautés Anicinabek. En entrant en contact avec l’exposition, les jeunes de ces communautés peuvent plus facilement développer leur fierté identitaire.
Comme le dit si bien Monsieur Kistabish : « L’exposition est destinée à rendre la langue visible, la rendre accessible et aussi en savoir plus sur la situation de celle-ci. Le point important là-dedans c’est que nous sommes encore en vie. C’est ça qu’est le message premier de cette exposition. »
On entend déjà la question qui vous brûle les lèvres : Est-ce une exposition qui s’adresse à tou.te.s? Certainement! Il est justement là, le but de cette exposition. Chacun.e d’entre nous a le devoir de s’éduquer sur l’histoire de notre territoire et des humains qui l’occupent. NIN est l’occasion idéale pour le faire, de façon sensible et ludique, de surcroît.
L’importance du mouvement dans l’apprentissage
L’exposition est divisée en zones thématiques. Celles-ci s’exécutent en cinq tableaux interactifs dont les titres sont: Je suis Territoire, Je suis Équilibre, Je suis Ancestrale et finalement, Je suis Anicinabemowin.
Le parcours fait appel à nos sens; le toucher, l’odorat, l’ouïe et la vue. L’Abitibimowin n’est pas une langue comme les autres. Elle est très visuelle et c’est une langue en mouvement. L’Abitibimowin est également en constante recherche d’équilibre. Le tableau de l’exposition où se trouve une installation représentant la roue de la médecine le représente d’ailleurs très bien.
J’ai demandé à Monsieur Kistabish ce qu’il préférait dans sa langue, ce qu’elle a de plus beau et rapidement la réponse s’est fait connaître. « Aaaah! C’est qu’elle est vivante! Elle est toujours en mouvement, elle est toujours en vie. Quand je dis elle est toujours vivante, c’est que les expressions qu’on utilise c’est toujours de l’action, c’est toujours en mouvement, quelque chose qui n’est pas fixe (…) D’ailleurs le meilleur moyen d’apprendre notre langue c’est de toujours être en mouvement pendant l’apprentissage. »
Il précise aussi « On a appris ça quand on était vraiment jeune. Dans l’exposition vous allez voir un tikinagan, vous allez voir un bébé dans un tikinagan, qui est attaché sur une planche, puis vous allez voir une autre photo où il y a beaucoup de bébés qui sont attachés après un tikinagan. Ben le tikinagan c’est notre science de l’éducation, c’est là qu’on apprend les choses en étant tout bébé. Quand tu n’as qu’un ou deux jours, tu apprends par les sens, l’odorat, la vue le goût, puis un moment donné tu finis par connaître les choses qui sont nécessaires dans ton environnement. On apprend beaucoup plus de choses comme ça pis ça reste accroché dans notre mémoire. »
Monsieur Richard Kistabish ne pourrait mieux expliquer l’exposition Nin. Il s’agit d’une expérience où notre compréhension est accrochée par les sens et le ressenti dans un premier temps et ensuite, de façon plus rationnelle. Aller à la rencontre de Nin, c’est mettre le pied dans un univers ancestral et contemporain très précieux. C’est se permettre d’entrer en contact avec une culture riche dont on a encore beaucoup à apprendre.
[1] Source : Langues des Premières nations des Métis et des Inuits - https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2016/as-sa/98-200-x/2016022/98-200-x2016022-fra.cfm?wbdisable=true