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La route 117… la voir autrement

La semaine dernière, j’ai passé quelques jours à Montréal pour le travail. Alors que je prenais le volant vendredi pour le retour, je me demandais pourquoi on dit si souvent que l’Abitibi-Témiscamingue est loin. Je peux facilement partir sur l’heure du dîner et arriver pour souper. Ce que je préfère cependant c’est partir en milieu d’après-midi, voir le soleil se coucher dans la Réserve faunique La Vérendrye et me perdre dans les étoiles entre Val-d’Or et Rouyn-Noranda.

Qu’est-ce qu’ils peuvent bien avoir contre la route 117? Pour moi, c’est une superbe entrée dans une région comme la nôtre. Je quitte le trafic, les klaxons et les conducteurs qui oublient leur clignotant lors de changement de voie (un peu agressant tout cela), pour une route fluide et sinueuse, en route vers la liberté.

C’est vrai, j’adore conduire. Sous un soleil de plomb, lunette de soleil au nez et musique dans le tapis, je suis partie! J’en profite d’abord pour écouter mes dernières trouvailles musicales. Cette fois, j’écoute Lisa Leblanc et Wesli. Puis je mets différentes « playlist » et je chante à tue-tête.

Et passe le Carrefour Laval, la Porte du Nord, les montagnes, les Laurentides, je ramasse un café à Mont Tremblant. Puis c’est là que l’on constate vraiment l’étendue du territoire, ces grands espaces québécois. Déjà je respire mieux!

Mes pensées vagabondent, c’est à ce moment que j’ai eu l’idée de ce blogue. Je réfléchis à mon existence. J’ai tout à coup un tas de projets, apprendre l’espagnol, partir en voyage… Une amie qui œuvre dans le monde du cinéma m’a confié avoir eu l’idée d’un scénario au volant. Sandy Boutin ne répète-t-il pas qu’il a eu l’idée du FME alors qu’il était sur la route avec Jenny Thibault et Karine Berthiaume? La dernière fois que j’ai fait la route avec mon amie Gen, on a refait le monde. Puis arrivent Mont-Laurier et Grand-Remous [dernier arrêt au « pipi room »].

Arrivée dans la Réserve, mieux connue sous le nom de parc, ma « playlist » m’offre du bon vieux Rage Against The Machine. J’ai le pied pesant…« They say jump, you say how high ». Je me calme un peu. Je ne ferai pas l’autruche, des accidents sur cette route, il y en a, demeurons vigilants.

La faune environnante nous fait l’honneur de se laisser observer. Un chevreuil, souvent, un orignal à l’occasion, un ours exceptionnellement et… je jure avoir aperçu un cougar une fois.

Des souvenirs me reviennent. Un arrêt quelque part par ici pour un camping sauvage en famille. C’est par ici, je crois, qu’avec mon ex on… enfin vous comprenez que cette route peut vraiment être une partie de plaisir.

Le parc offre toujours des panoramas magnifiques, les étendues d’eau invitantes en été, les couleurs de l’automne, la neige, lourde dans les branches des conifères l’hiver. Les couchers de soleil y sont toujours colorés.

Route 117
J'ai pris cette photo l'été dernier

Les insignes vers Clova et Kitcisakik piquent toujours ma curiosité. On y vit comment? Puis la nuit tombée, je vois poindre quelques feux de camp à l’horizon. Je pense aux personnages du plus récent ouvrage de l’auteure Jocelyne Saucier, Il pleuvait des oiseaux, et je souris à la pensée de l'existence de ces ermites.

Entre Louvicourt et Val-d’Or, j’ai toujours cette chanson de Boom Desjardins, J’reviens chez nous, dans la tête. « Je sens encore le souffle dans mon cou. Le vent du nord qui m’réchauffe tout d’un coup ». Puis entre Val-d’Or et Rouyn-Noranda, j’ai espéré très fort, avoir, comme Mathieu Dupuis, la chance d’apercevoir des aurores boréales. Ce sera pour une autre fois. Il me reste quand même cette impression que monter vers le nord c’est s’approcher des étoiles. Le ciel de l’Abitibi-Témiscamingue fait rêver ce soir, « home sweet home ».

Arrivée à la maison, je réalise que j’ai plusieurs messages. On veut savoir si je suis bien rentrée. Je réponds et je vais me coucher. Alors je repense à cette entrevue que m’avait accordée le maire d’Amos, Ulrick Chérubin, lorsque j’étais journaliste. Je lui demandais ce qu’il répondait aux gens qui disent que nous sommes loin. Il m’a dit, et cela je ne l’ai jamais oublié : « loin de quoi? Certainement pas loin du cœur et de la chaleur humaine ».