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ÉMILIE B. CÔTÉ: AU SERVICE DE L’ART

« Maintenant, je m’intéresse à la mycologie, aux plantes, je travaille avec les végétaux, les mousses, ce qui pousse sur le territoire, donc l'Abitibi-Témiscamingue est inévitable dans mes œuvres. Elle en fait partie intégrante »

ÉMILIE B. CÔTÉ

Fière Témiscamienne, amoureuse de la nature, source inépuisable d’énergie, l’artiste visuelle et diffuseure culturelle Émilie B. Côté ne chôme pas. Celle qui vient de consacrer son été entier à la création a encore des projets plein la tête, en plus d’avoir repris à temps plein les rênes de la direction artistique du Centre d’exposition du Rift, à Ville-Marie.

                                                                                                                          Portrait d'Émilie: Caroline Perron

PIERRE QUI ROULE AVEC DE LA MOUSSE
Originaire du village de Saint-Bruno-de-Guigues, Émilie a quitté sa région d’origine quelques années avant de revenir s’y installer pour de bon. Ce retour s’est accompagné d’un intérêt accru pour la nature qui l’entoure et l’intégration de celle-ci dans ses œuvres : « Maintenant, je m’intéresse à la mycologie, aux plantes, je travaille avec les végétaux, les mousses, ce qui pousse sur le territoire, donc l'Abitibi-Témiscamingue est inévitable dans mes œuvres. Elle en fait partie intégrante ».

L’un des projets auxquels Émilie s’est adonnée cet été témoigne justement de cette fascination pour la nature. Désireuse d’exploiter le contraste entre matériaux brutes, stériles, et la matière vivante, Émilie a consacré une partie de son été à la création d’une installation faisant cohabiter béton et mousses végétales. Grâce à une bourse du Conseil des arts du Canada, elle a reçu l’aide de Nicole Fenton, professeure titulaire de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), spécialisée entre autres en biodiversité végétale. Celle-ci a présenté à Émilie l’aspect scientifique des diverses mousses pour qu’elle puisse mieux les intégrer à ses œuvres, qui ont ensuite été exposées à l’UQAT dans le cadre du Colloque annuel des botanistes du Canada : « Il y avait des gens de partout, j’ai pu toucher un autre public. Les gens voyaient les mousses dans un contexte nouveau, avec une vision artistique. Ils avaient d’abord tendance à les identifier d’un point de vue scientifique, mais développaient ensuite une vision nouvelle », résume Émilie. Cette exposition ne représente toutefois pas la fin de la démarche, puisqu’Émilie prévoit partir de cette première étape pour développer sa première œuvre d’art public, une installation alliant métal, béton et mousses végétales qu’il sera possible d’admirer à la grotte de Ville-Marie au printemps prochain.

[caption id="attachment_20933" align="aligncenter" width="446"] Un aperçu de l'installation exposée à l'UQAT en juin.[/caption]

REGARD DOUBLE SUR LE TERRITOIRE
L’exposition La mémoire des ruines, présentement en cours au Rift, est l’autre grand projet qui a occupé la saison estivale d’Émilie. Cocréée avec Édith Laperrière, artiste en arts imprimés aussi originaire du Témiscamingue, La mémoire des ruines est née d’une volonté de se mettre au défi : « Je trouvais qu’Édith et moi on se ressemblait beaucoup, mais qu’on avait une façon différente d’aborder la création. Je trouvais ça intéressant d’exploiter une thématique commune interprétée de deux manières différentes. » Ainsi, à partir de photos fournies par la population, Édith a reproduit en sérigraphie les images de lieux chers aux Témiscamiens sur de grandes bandes de papier de trente pieds, donnant déjà une dimension installative au projet. Émilie, quant à elle, a récolté divers matériaux et artéfacts chez des citoyen.ne.s rencontrés sur le territoire pour en faire une installation artistique en réponse à la proposition d’Édith. Leurs deux univers se côtoient ainsi dans un tout qui met en lumière l’identité territoriale, les espaces significatifs et les souvenirs liés aux lieux de vie.

[caption id="attachment_20934" align="aligncenter" width="450"] Mémoire des ruines. Photo: Caroline Perron [/caption]

L’essence de cette démarche illustre parfaitement la façon dont Émilie perçoit sa place dans le paysage artistique régional : « C’est important d’avoir des artistes sur le territoire pour communiquer notre identité. Quand une expo existe sur un sujet, ça le rend un peu immortel. Moi, je parle de nous. »

[caption id="attachment_20935" align="aligncenter" width="450"] Mémoire des ruines Photo: Caroline Perron[/caption]

L’ART QUI NOURRIT L’ART
Depuis septembre, Émilie est entièrement de retour à son poste au Rift. Comme ce dernier est le seul diffuseur culturel en territoire témiscamien, sa gestion vient avec le défi de couvrir un vaste espace géographique réparti en de nombreux villages. Selon Émilie, il importe de programmer des expositions accessibles, mais aussi actuelles et contemporaines, tout en offrant aux artistes d’ici et de la relève des occasions de professionnalisation et de formation, en mettant de l’avant le fruit de leur démarche créative. En parallèle de son emploi au Rift, Émilie se consacre à son travail artistique personnel, ce qui n’est pas de tout repos. « Ça me fait pas mal deux jobs à temps plein, mais présentement, ma vie me le permet, je me donne à fond. Ce ne sera probablement pas un rythme que je vais maintenir pour toujours, mais en attendant, j’ai la fougue! », exprime-t-elle, un sourire dans la voix. Elle souligne également que le travail nourrit beaucoup son expression artistique en lui donnant l’occasion de rencontrer et d’échanger avec d’autres artistes, tout en se tenant au courant des actualités et des tendances de son milieu.

Maintenant bien ancrée en sol lorrainvillois, Émilie n’a certainement pas fini d’enrichir l’univers culturel régional. Les curieux pourront d’ailleurs découvrir son art en mars 2023 à Lebel-sur-Quévillon, et en juin et juillet 2023 à Haileybury (en profitant évidemment du voyage pour visiter quelques attraits témiscabitibiens!).