Aller au contenu
retour

Alex Pic : Ne pas se presser et travailler mieux

J’étais fasciné d’aller voir ces bands-là au Bar La Maîtresse. Je voyais Malajube débarquer à La Sarre. Moi aussi, je voulais traverser le parc et loader de la gear de musique à 2h de l’après-midi.

ALEX PICARD

C’est un début d’histoire plutôt classique. Il a commencé à jouer de la guitare vers l’âge de 12 ans. Avec ses meilleurs amis, ils ont squatté le sous-sol de maison familiale pour jammer. Il a roulé sa bosse avec le groupe Lubik, mais désormais, il défend son projet solo comme un seul homme. En tant qu’Alex Pic, il a eu le bonheur de collaborer avec Jay Scott, entre autres, puis a défendu son EP lors des Coups de cœur francophones, l’été dernier. La suite de son histoire n’a rien de conventionnel. Alex Picard est un musicien originaire d’Abitibi-Ouest bien enraciné dans sa région et dans sa passion.

Nourrir le rêve
À l’adolescence, il a eu la chance d’être entouré de ses amis et encadré par des parents willing d’acheter des drums. Le fait de grandir en Abitibi-Ouest donnait du vent dans les voiles au projet qui a vite été baptisé « Lubik ». « On avait déjà un public. Les gens nous soutenaient tellement que même à 14 ans on avait l’impression d’avoir une communauté derrière nous. Les kids de notre âge venaient dans nos spectacles, mais les organisations comme le Carrefour Jeunesse, le CACIM (un organisme qui n’existe plus, qui organisait des spectacles de musique, entre autres choses) se mobilisaient pour organiser des événements. », se rappelle Alex Pic, qui a gentiment pris du temps pour me raconter son histoire.

Photo : Marine Fontaine

Le CACIM, à l’époque, avait eu une idée de génie. En effet, l’organisme a mis sur pied un local de pratique et redu disponibles différents instruments de musique. On y trouvait un banjo, un xylophone, une guitare, même un petit studio d’enregistrement. C’est là qu’allait pratiquer le groupe de musique d’Alex.

À la même époque, avec Karkwa et Patrick Watson, une nouvelle vague de musique déferlait sur le Québec. Alex avait tout juste l’âge d’aller voir des spectacles dans les bars. Étant en Abitibi-Ouest, une proximité avec les artistes de passage était possible. « J’étais fasciné d’aller voir ces bands-là au Bar La Maîtresse. Je voyais Malajube débarquer à La Sarre. Moi aussi, je voulais traverser le parc et loader de la gear de musique à 2h de l’après-midi. », précise-t-il, encore rêveur.

Une belle évolution musicale
Il replonge dans ses souvenirs : « Je me rappelle justement quand on avait 14 ans pis qu’on trippait sur le punk rock. On capotait sur le groupe MAP, un band de Québec. C’étaient mes idoles. On avait demandé à nos parents si on pouvait les inviter à venir chez nous pour jouer dans une salle communautaire. Le groupe avait été hébergé chez nous. Jeune, j’ai compris à quel point c’est fort la musique pis que ceux qui nous inspirent peuvent devenir nos ami.e.s. Après ça, c’est comme n’importe quoi dans la vie. Il faut que tu sois cohérent, pertinent et intéressé. La vérité, l’amour, la douceur… Tout est là! »

Photo : Marina Fontaine

Puis, les amis de Lubik sont passés de l’Abitibi-Ouest à Rouyn-Noranda pour aller à l’université. Le projet avançait. Les membres du groupe se faisaient de nouveaux ami.e.s tout en restant en Abitibi-Témiscamingue. De fil en aiguille, le groupe a pris son élan et a doucement fleuri. Un jour, il a joué sur la grande scène extérieure lors d’une édition du Festival de Musique Émergente. La mère de Micky, le drummer de Lubik, s’y est trouvée à faire du body surfing dans un bateau gonflable.

« On était vraiment crinqués, ça fait que quand on embarquait sur le stage c’était l’énergie de la survie, mais en dehors du stage on était très calmes et gênés. Je me rappelle que Steve (Steve Jolin, de Disques 7e ciel) nous présentait tout le temps en disant " tu vas voir ces gars-là…y sont motivés ". Dans le fond, on était juste extrêmement motivés. », se rappelle Alex avec un grand sourire lui traversant le visage.

Du projet collectif au projet solo
La fin de Lubik est arrivée, mais Alex a poursuivi sa passion. Il m’explique : « J’ai continué à faire de la musique parce que c’est ancré en moi, c’est ça que je veux faire et c’est au centre de ma vie. C’est pour ça que j’ai toujours travaillé extrêmement fort, à faire des compris et parfois à manquer des affaires. »

Selon Alex, quand on est musicien en Abitibi-Témiscamingue, la production musicale est possible, bien que son réseau de contacts musiciens habite surtout à Québec et à Montréal. Alors, à la place de les faire venir ici, ce qui peut être très coûteux, c’est Alex qui se déplace. « Je suis en parallèle de ce réseau-là. Je ne peux pas faire mon réseautage au Quai des brumes, je ne suis pas là. Il a fallu que je pense ma façon de faire. J’ai dû créer des liens. Ça m’a poussé à connecter de façon véritable avec les gens. », me raconte Alex avec beaucoup d’enthousiasme.

Avec son nouvel EP, Alex a pris un nouveau tournant musical. Il est passé du punk rock de Lubik à un projet guitare-voix plus doux, plus intime. Ça fait un moment qu’il avait en tête ce projet solo. « Quand le projet du band s’est terminé, j’ai appelé des amis musiciens pour aller en studio. C’est un autre processus de tournée quand tu engages des musiciens c’est une tout autre manœuvre. »

Petite merveille numéro deux
Depuis qu’il travaille sur son premier album solo, Alex et sa partenaire de vie ont eu un deuxième enfant. Son rythme de vie a donc changé. Ayant d’autres priorités, il a laissé tomber l’idée du band pour développer son EP. Il défend sa création seul. « Ça m’a permis d’explorer et de vivre autre chose. Je ne pensais vraiment pas faire des shows guitare-voix dans ma vie. » remarque-t-il, encore un peu étonné.

Photo : Marina Fontaine

Alex accumule aussi les collaborations. Il y a d’abord Elliot Paquette, un musicien de la région. Elliott et Alex font maintenant des spectacles ensemble, mais ils travaillent aussi la mise en scène et la réalisation. Puis, il y a Jay Scott, qu’il a rencontré lors d’une première partie de spectacle. « On s’est rencontré pis on s’est dit "T’es donc ben nice toé. " J’ai fait sa première partie dans une gig au Minotaure à Gatineau, pis ça a collé. », se remémore Alex.

Fidèle à lui-même, pour le futur, Alex envisage surtout d’être un père extraordinaire, de prendre soin de sa douce et de sa famille. Il conclut tout de même la conversation ainsi : « Tous les jours, il se passe des affaires. Tout à l’heure, tu vois, j’ai un meeting avec Steve Jolin. C’est possible de ne pas être trop pressé et d’être conscient. Ça m’amène à bien travailler. En 2023 ça va être crazy. Ça a l’air molo en volume, mais en expérience, ça va être crazy. »

Quelque chose me dit qu’il a plus d’un tour dans son sac, ce cher Alex Pic. On va suivre son évolution musicale avec intérêt!